mardi 22 juillet 2008

Trop, cest comme pas assez

(Vous comprendrez qu;ecrire sur un clavier espagnol ou les lettres sont effacees ne me permet pas davoir une ecriture agreable a lire, je men excuse!)

Je me suis refugiee dans un cafe internet par peur de me noyer dans le deluge qui tombe dehors. La saison des pluies au Guatemala, c;est concentre en deux ou 3 heures en fin dapres midi. Le reste du temps, cest que du soleil. Deja quavec mon teint d;aspirine, je detonne pas mal ici, c;est encore pire avec mon impermeable vert lime. Les enfants guatemalteques se foutent completement de ma gueule et sont biens heureux de ne pas avoir lair aussi ridicules. A ma maniere, je participe au rehaussement de la fierte dun peuple. Wow...

Donc la pluie, c;est une belle occasion de venir un peu parler de bouffe. Mes sandales viennent a peine de secher...

Pas que le sujet alimentaire minterpelle particulierement en ce moment, au contraire. Je suis sur les berges du Lago de Atitlan et je continue a massacrer la langue espagnole tous les jours, grace a un professeur plein de patience. Jhabite dans une famille maya qui croule sous lamour meme si les sous manquent souvent et pourtant, ils ont les yeux qui brillent comme ca ne se fait plus au Canada. Je parle de politique et de solidarite avec des gens dont la famille a ete tuee par larmee et qui pourtant ne veulent qu;aider leur prochain sans amertume. Franchement, la bouffe, qu;est ce quon s;en fout.

Et pourtant, le sujet gronde dans mes intestins depuis des jours. Mon corps deteste les frijoles. C;est rien pour aider lambiance des toilettes de la famille qui me font deja peur. Ne vous en faites pas trop pour moi, je me defile toujours de la douche familiale (un poteau qui verse de l;eau froide partout dans la piece lugubre ou sont aussi les toilettes) pour aller me laver dans le plus beau lac du monde. Cest pas trop mal.

Ah oui, je voulais parler de bouffe, pas de toilettes ni de tourista.

La maman de ma famille etait chef dans un bon restaurant de cuisine guatemalteque. Ce qu;elle nous concocte est delicieux a chaque fois, mais elle nous sert des portions monstrueusement -enormes. J;ai reussi a negocier une demi assiette, qui reste toutefois plus grande qu;une portion familiale etasunienne.

A present que je me fou eperdument de manger et que tout naturellement, la bouffe ne mattire que lorsque mon estomac la reclame, on me gave comme une oie. La vie est parfois bien sarcastique. Mais peut-etre est ce plutot un apprentissage?

Plus on me nourrit, plus je cherche toutes les excuses pour me defiler. Malgre le probleme moral profond que jai a laisser de la nourriture dans un pays ou plusieurs personnes souffrent encore de la faim, je ne peux pas arriver a voir le fond de ces foutues assiettes. La bouffe me deprime.

Peut-etre existe il un pendant inverse a la restriction cognitive? Lorsque je sais que je vais manger trop, je ne peux pas. J;ai meme envie du plus profond de mon etre de legerete. Ces exces vont certainement mettre la table a une ecoute de mon corps et de mes besoins bien plus intuitive au retour. Mais en attendant, je souffre.

Cela m;emmene a une autre reflexion sans importance sur la bouffe. Ici, j;ai tellement d;occasion de prendre conscience du lien emotif quon a avec la nourriture et de la part quelle a dans notre identite. J;ai beau ne pas avoir du tout faim, j;aurais envie dune lasagne de grand maman ou d;un des fameux magrets de canard de mon amoureux pour me faire sentir un peu plus pres des gens que jaime. J;en mangerais meme apres deux platees de frijoles (euh, a bien y penser peut etre pas, je trouverais bien un moyen de me passer de frijoles)

J;ai meme mange du mcdo lautre jour, presque en cachette. Il fallait bien ne pas men vanter puisque jai presque fait un scandale lorsque jai appercu la baniere du symbole par excellence de la mondialisation sauvage a Antigua. Apres quelques semaines, McDo, c;est une veritable doudou affective.

Heureusement que ce blog est anonyme, je ne supporterais pas de faire de telles declarations en assumant mon identite.

Bon appetit, heureux mangeurs!

xx

samedi 19 juillet 2008

Frijoles et colle cuite

Je vendrais mon ame pour un simple pate chinois. Je ne vous dit meme pas les choses ignobles que je ferais pour de la gastronomie de chez nous. Des offres?

mercredi 9 juillet 2008

Guatemala

Je suis au Guatemala. Quoi dire... Voyager, cest apprendre a ouvrir les yeux, a rencontrer vraiment, pour moi du moins. Ce pays me prends au trippes.

Je ne sais pas quoi dire qui ne serait pas un cliche. Je nai pas de mot, ce qui marrive souvent ici dans ce pays ou japprends langue et coutumes.

Jai fait des rencontres qui me boulversent. Ici, ce nest rien de plus que la vie mais en tellement plus concentre. On apprends a acceuillir, a dire au revoir aussi, ou, plus difficile encore, adieu.

Il y a des jours ou je me sens trop petite pour ce que je vois, si heureuse et si troublee. Le temps ici, cest comme les premier jours ou on est fous amoureux: on ne sait pas vraiment si on se laisse emporter par la joie ou si la nostalgie qui nous prends au ventre va avoir raison de nous.

Ce pays fabuleux nest qu une trame de fond superbe pour ce qui compte vraiment. Ce sont les liens que lon tisse entre nous et le monde qui font notre realite. Ce qui importe pour moi aujourdhui, cest de connecter aux gens et aux choses, de les vivre de pres, dassez pres pour pouvoir aimer, meme si aimer, cest difficile.

Je me perds dans mes pensees ce matin. Ce sont les enfants que jai nourris hier qui mhabitent, les amis que jai rencontre ici et ce pays indescriptible, peut-etre. Ou alors un petit mal du pays, si ce nest pas un mal detre dailleurs.