mardi 28 août 2007

Facultatif

Je reviens d'une charmante fin de semaine passée à pagayer sur les lacs de la réserve faunique rouge-matawin.

Initialement, nous devions passer la fin de semaine au "chalet" de mon oncle, de ma maraine et de leurs enfants. Ici, les guillemets sont importants puisque j'ai de la difficulté à adopter la terminologie officielle employée par la famille lorsqu'il sagit d'une gigantesque maison de 3 étages avec foyer et bain sur pattes, le tout meublé et décoré avec soin par une décoratrice professionnelle. Le garage à lui seul est plus grand qu'un chalet de grandeur raisonnable puisqu'il faut bien abriter le gigantesque bateau, le 4 roues, la moto et le pick up.

Je dois avouer que cette belle maison chaleureuse décorée à l'ancienne est magnifique, ce qui n'empêche pas ses propriétaires de devenir de plus en plus débranchés des autres et du sol que foulent les gens normaux.

Nous avons été invités pour la fin de semaine mais ils ont finalement décidé de partir le samedi puisque la température était mauvaise et qu'ils ne pouvaient pas faire de bateau à moteur, nous laissant le bec à l'eau avec les deux jours de vacances que nous avions posés, sans même s'en apperçevoir je pense.

Ce n'est pas la première fois qu'ils agissent de la sorte, les dernières fois étant pires, et le sentiment et les souvenirs que ça me fait revivre à chaque fois m'ont cette fois mis en rogne. Nottons ici le nouveau sentiment: j'arrive à être en colère contre quelqu'un et à dire qu'ils me déçoivent. (pas à eux, evidemment, mais à moi même, et c'est un début)

La dernière fois ou j'ai dormi chez eux, je venais de me faire jetter par mon ex et j'étais probablement dans le plus petit état de petits morceaux millimétriques qu'on puisse imaginer. J'avais été agressée quelques mois avant, tout était mêlé dans ma tête et j'aurais eu envie de me rouler en boule jusqu'a ce que ça passe ou alors de me sauver très loin mais je n'en avais pas les moyens.

Ma tante m'avait gentiment invité chez elle, "la famille c'est fait pour ça, on va se débrouiller" qu'elle m'avait dit lorsque je l'avais appelée pour lui demander une recette sans pouvoir retenir mes larmes lorsqu'elle me demanda si ça allait bien, question d'usage. Dans ma famille, les mots sont toujours parfaits et nous sommes en apparence la famille la plus unie et équilibrée de l'univers. Et parfois, j'oublie que rien n'est plus faux. Sauf pour ma mère, petit canard boiteux de la famille mais tellement plus authentique que les autres.

J'avais donc expliqué à ma maraine que je ne pouvais pas partir, que je ne pouvais pas arrêter de travailler, que j'avais un bon travail, des études à compléter et un loyer à payer. Je me suis laissée convaincre quand même lorsqu'elle me dit qu'on allait regarder ça ensemble, que je pouvais rester chez elle toute l'année, retourner étudier dans ma région, travailler au resto de mon oncle... Je n'avais pas l'intention de rester chez eux mais j'avais envie de ne plus penser à rien pour quelques jours et surtout, de ne plus voir tous les jours mon ex et sa nouvelle copine se caliner devant moi dans mon appart, le temps qu'il se trouve un autre appart. J'ai donc posé 1 mois de vacances en arrêtant ma session et en me mettant en congé maladie au travail, me sentant incapable d'en encaisser plus et mon psy m'y encourageant fortement.

Lorsque je suis arrivée, le plan de ma vie, concocté par ma tante et ma grand-mère, était dessiné jusqu'a ma retraite, minimum. J'avais beau être déprimée, j'avais encore d'autres projets que de travailler au salaire minimum en étudiant à temps perdu et en vivant seule dans un appart trop cher en étant prise jusqu'au cou. J'avais travaillé fort pour être là ou j'étais et je n'étais pas prête à tout abandonner.

Ça n'a pas plu à ma maraine. On a ensuite regardé ensuite mon budget, et elle m'a dit qu'il faudrait que je retourne travailler au plus vite pour arriver, en ajoutant qu'elle avait pensé m'aider un peu mais qu'on aidait personne en ne les encourageant pas à être débrouillards. Comme si je n'avais pas déjà prouvé que je suis très débrouillarde et travailleuse... (nous venions de finir un diner avec des gens de leur connaissances ou il était question de voitures luxueuses, de voyages presque coloniaux et de préoccupations qui échappent à ma classe sociale, ces invités me traitant avec la gentille condescendance de la charité due à mon niveau alors que j'aurais pu leur en apprendre si je n'avais pas été ocuppée à être ébahie et amusée devant tant d'égo, de mépris et de petitesse d'esprit)

Après une semaines, elle m'a demandé de partir en me disant que je n'étais pas aussi joyeuse que d'habitude et que ce n'était pas bon pour les enfants, ces petits que j'adore et dont j'ai toujours été la gardienne jusqu'a ce que je parte à Montréal. Alors je me suis exécutée toute en remerciment pour l'accueil et je suis partie chez ma grand-mère en attendant que mon ex parte de chez moi, ma mère ne voulant pas que je retourne chez elle puisqu'on finit toujours par s'engueuler parce que je n'accepte pas la façon dont mon beau père lui tappe dessus.

J'ai vite du paraitre en pleine forme puisque dans ma famille, ce n'est pas acceptable d'avoir les yeux rouges le matin ou de passer un temps dur. Je suis donc redevenue vite l'apparence d'une fille qui s'en remet. Ce que j'en ai courru des kilomètres dans les bois pour me défouler. Et comme je n'arrivais pas à manger, je suis revenue à Montréal avec 20 lbs en moins, l'ex toujours chez moi, mais obligée de retourner travailler pour payer ce mois de vacances. Je n'ai pas beaucoup revu mes amis pour ne plus revoir mon ex, ils n'ont pas trop insisté. J'étais toute seule avec mes colocs (qui pour certains s'ennuyaient de mon ex...). C'est là que j'ai commencé à blogger, pour mettre des mots à ce nouveau départ. Pour me forcer à être positive.

Je n'en veux à personne directement. Il vaut mieux accepter les gens qu'on ne peut pas changer comme ils sont. Toutefois, j'arrive à avouer que ce sont des situations blessantes qui n'étaient pas les meilleures et que ma famille n'est pas idéale. J'arrive à ressentir de la colère, à la canaliser. C'est une colère qui a toujours été là, diffuse, orientée contre moi même. Pour moi, tout cela va de pair avec ma nouvelle façon de me nourrir. L'un ne peut pas aller sans l'autre.

J'ai besoin d'avouer que ce n'est pas toujours de ma faute si les autres ne sont pas comme je l'aurais voulu, que j'ai eu beau être celle que tout le monde attendait, ils se défilent à chaque brèche dans la construction de moi même que je n'ai fait que pour eux. Tout ce que je peux, ce n'est pas assez alors je me contente maintenant d'être simplement ce que je suis en mettant la distance necessaire entre moi et ceux qui m'abandonnent à répétition.

Ça me rends quand même triste. Je n'ai pas vu ni parlé à mon père depuis mon enfance, sauf à une reprise ou j'avais besoin de savoir s'il avait changé. Je ne sais même plus ou il est. Je n'arrive qu'à être distante avec ma mère. J'ai des relations cordiales avec mon beau père même si c'est un être humain pour qui j'hésite entre le mépris et la pitié. Je suis redevenue une acceptable dans le clan de ma tante et de ma grand mère depuis que j'ai du temps pour venir les voir mais surtout, depuis que je sors avec un ingénieur/pilote. Les autres sont un peu des étrangers. Et mon petit frère, il est si creux dans son désespoir que je n'arrive pas à l'atteindre. Des relations satisfaisantes et qui me comblent, je n'en ai pas avec ma famille. J'essaie de les satisfaire eux, j'essaie qu'il reçoivent quelque chose, qu'ils se sentent bien. Mais pour vivre, j'ai besoin de distance.

Ce blog est un blog personnel remplis de truc que j'assume plus ou moins. Désolée pour le lyrisme pénible, mais ce blog est avant tout un outils "alimentaire" pour moi, et tout ça, ça en fait vraiment partie et ça me fait du bien de l'écrire et de le faire exister quelque part. C'est tout mêlé, c'est pénible à lire mais j'espère que personne ne se sent obligé de lire en entier. Ce blog, il est à moi et pour moi avant tout. Si ça aide ou si ça divertis parfois d'autres gens, tant mieux, mais ce n'est pas le but. J'écris parce que ça me fait du bien. Parce qu'ici, je peux être pleinement vraie. Et ça me plait d'écrire des trucs sans buts et non divertissants pour ne pas devenir accro aux chiffres que je vois parfois sur mon compteur et pour que ce blog continue à n'être que quelques briques de mon chemin vers le mieux être.

La semaine prochaine, nous auront une fête de famille et je ne pourrais pas être aussi franche. Ils sont important pour moi malgré tout et sans eux, je n'aurais rien eu à quoi me raccrocher lorsque j'étais enfant et que la vie était encore plus difficile. Mes grands-parents en particulier, (ma maraine aussi) ont été mon échappatoire et mon espace liberté, même s'ils ont passé des années à ne plus me parler lorsque j'ai quitté mon premier chum qu'ils considéraient comme leur petit fils. Même si je ne les voit plus parfaits comme autre fois, j'apprends à aimer autrement. J'apprends à aimer les autres imparfaits comme je m'autorise maintenant à l'être.

Avant je ne supportais pas l'imperfection, quitte à me raconter des histoires que je croyais vraies. J'avais besoin de mes histoires mais plus maintenant. La vie peut être merveilleuse même si tout ne s'est pas passé comme il aurait été mieux. La vérité est mieux que la plus belle des histoires pour moi. Ce que mon psy prenait pour de la résilience était aussi du déni et du refus necessaire.

J'en reviens à ma fin de semaine après cette longue parenthèse. Notre "pauvreté relative" fait de nous des gens débrouillards et pleins de ressources. Nous avons loué la dernière tente prospecteur disponible de la réserve faunique des environs (Nous avons toujours nos sleeping bags dans la voiture en cas d'envie d'aventure émergeant subitement) et sommes partis faire ce que nous avions prévu de faire avant qu'on nous invite au "chalet", soit du canot à milles lieux de toute vie humaine.

Et en arrivant à digérer mieux toutes ces choses, je suis arrivée à continuer à ne pas manger pour remplir ce vide ou pour me punir a cause de cette culpabilité que je prends à la place de ceux qui devraient la ressentir parfois.

Des patates cuites dans l'alluminium sur des braises avec du cheez whiz et des saucisses cuites sur un baton fraichement gossé au couteau, c'est loin d'être pollitically dietetically correct mais maudit que c'est bon! Surtout lorsque ça suit parfaitement ma satiété boostée par une journée de canot et d'explorations forestière. Personne ne peut empêcher la vie d'etre belle!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai découvert ton blog récemment et depuis je te lis avec beaucoup d'attention. J'aime la façon dont tu racontes, j'apprécie ton courage et ta détermination (si si, tu en as du courage pour vivre dans cette drôle de famille où on n'a pas le droit d'être triste)
Donc je souhaitais te féliciter et te dire que de continuer tes efforts, que la vie n'est pas parfaite mais qu'il y a quand même de bons moments à ne pas manquer :)

Courage et bisous =)

Vertige a dit…

Bonjour pha!

Merci de tous ces gentils compliments!

Je dois quand même rectifier pour le courage. Étudier m'a permis de fuir en ville toute seule et j'ai pleuré des lacs entiers au début, toute seule comme une grande que je n'étais pas encore. (et je crois ne pas l'être beaucoup plus aujourd'hui)

La vie apporte ce quelle apporte et on a que le choix d'en faire son bonheur ou pas.

Alors merci encore de ton passage et à la prochaine!