mardi 4 août 2009

Ma mère

Ma mère est un modèle pour bien des gens qui aspirent à maigrir. Elle fait partie des 5% des gens qui réussissent à maintenir leur poids après un régime. Et son médecin l'en félicite.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il n'y a pas d'après. Bien sur, personne ne fera dire à ma mère qu'elle est toujours au régime. Elle fait simplement attention. Et si vous lui demandez son secret, elle vous dira qu'il faut manger mieux et faire de l'exercice.

Pour brûler plus de calories, elle boit des Gurus sans sucre qui lui donnent l'énergie d'un consommateur de cocaïne. Le fait que ça lui donne des palpitation cardiaque ne semble pas l'angoisser trop.

Elle prends aussi toute sorte de petites pillules naturelles qui font maigrir. Ces jours ci, elle considère Alli, et tant mieux si ça favorise les accidents intestinaux parce que comme elle a un peu abusé des laxatifs ces dernières années, ses intestins refusent de faire le travail sans aide.

Parfois, elle se laisse aller et mange une pleine assiette de tofu ou de bouffe carton-like à elle toute seule. Et le pire, c'est que ça semble vraiment la faire engraisser, mais moins que 2 chips parce que ma mère connait les substance qui font du plus mauvais gras plus difficile à perdre. Oh ça oui.

Rester mince demande un travail de l'esprit constant devant ce monde de tentations. Mais ma mère est forte, et elle affirme sans broncher qu'elle préfère une bonne pomme à un gâteau au chocolat. Parfois, elle mange quand même le gâteau au chocolat et j'avoue qu'elle ne semble y trouver aucun plaisir, mais elle ira le brûler au gym.

Ma mère ne pense qu'à ça. Elle a un compteur de calories dans la tête. Elle prends toujours les escaliers. Elle optimise chaque geste.

Ma mère se regarde dans le miroir et se trouve grosse. Ma mère s'habille avec des vêtements trop grands pour cacher des bourrelets qu'elle est la seule à voir grâce à ses yeux bioniques boostés des superpouvoirs des baies d'açai. Ma mère ne voit pas qu'elle pourrait blesser sa fille juste à coté, celle qui a vraiment des bourrelets, en dénigrant ses problèmes invisibles.

Ma mère est un superhéro, ce qui permet à ses amies de l'admirer pour sa ténacité, à ses collègues de la complimenter jalousement l'aspect santé de sa taille et au monde entier de voir en elle le fait qu'il est possible de perdre du poids et de retrouver la santé si on le veut vraiment. Lorsque des gens non inclus dans son minuscule cercle intime la regardent, ils voient une plus belle personne que la femme ronde qu'elle à été depuis ma naissance.

Ouais...

4 commentaires:

La Souimi a dit…

Dans tes propos, je vois une adolescente qui vit un profond trouble alimentaire. En fait, je me vois plus jeune. Et je ne parle pas de toi. Quand je parle de l'adolescente, c'est de ta mère que je parle.
N'oublie pas que sa perception n'est pas celle des autres. À la fin, lorsque tu parles des gens, je ne suis pas certaine que c'est ce qu'ils voient. C'est ce qu'ELLE voit. C'est ce qu'elle pense. Je crois que la majorité des gens ne se préoccupe pas des kilos des autres. C'est la personne qu'on voit. Et ceux qui jugent sont ceux qui ont besoin de ce jugement pour se définir. Est-ce que la majorité a besoin de ça? Je ne crois pas. Seulement ceux qui sont habités par le même problème.
C'est mon avis.
Bonne journée à toi!

:-)

Vertige a dit…

C'est drôle que tu parles d'adolescence. C'est exactement comme ça que je vois ma mère. À 47 ans, elle veut se faire des dreadlocks, vient de se faire faire des tatouages et trippe sensations fortes. Mais c'est surtout l'attitude...

Je crois que tu raison. Moi aussi je vois surtout un gros trouble alimentaire, parmi d'autres troubles. Ce qui est étrange, c'est que des attitudes comme la sienne passent pour beaucoup de monde pour une vertu, probablement parce que notre société n'est plus en paix avec ce qu'elle se met dans la bouche!

La Souimi a dit…

C'est vrai, ça. On valorise les gens qui sont minces et ce, à n'importe quel prix. On ne sait pas toujours ce qui se cache derrière. Ça me fait penser à ces moments, quand je recevais des rubans, des médailles chez les WW. Puis quand je suis devenue membre à vie après avoir perdu 40 livres. On m'a applaudie à tout rompre. On m'a applaudie parce que j'avais perdu ces 40 livres à force de laxatifs, de jeûnes et de bourrage d'estomac avec de la viarge de salade. J'étais bien mince mais complètement capotée dans ma tête. Mais ce que j'étais championne!!!!

Vertige a dit…

Ce qui compte, c'est de perdre, pas la manière...

...parce que la santé, c'est important!

Drôle de paradoxe!