samedi 27 septembre 2008

Se secouer les puces

Il n'y a pas grand chose comme une bonne session occupée pour me virer à l'envers. Depuis 3 semaines, je marche lentement vers le précipice qui termine la route de mon manque d'estime et de mon stress. Me demander de performer, c'est comme de demander à un pyromane de faire des constructions en alumettes. Je finis par exagérer, motivée par l'idée que je suis nulle dans tout et que quelqu'un va bien finir par s'en rendre compte. C'est que des cours et pourtant, j'attache ma valeur et l'amour et la fierté de mon amoureux dans leur réussite. Peut-on jamais être suffisemment performant pour être heureux quand on y attache autant d'idées? Si on y ajoute la pression que je ressens d'être dans un nouveau groupe, ça fait beaucoup de pression.

J'ai clairement perdu mon équilibre quelque part dans ces jours là. Quand je deviens une boule de stress, je n'arrive plus à rien sentir d'autre. Je disparais. Et je mange, sans arrêt et sans conscience.

Ça prenait peut-être une bonne crise de larme hier pour m'en rendre vraiment compte et me sentir un peu mieux. Je n'arrivais pas à pleurer depuis la rentrée, ça restait coincé, et ça montait. Pourtant, je me suis transformée en champlure dès que je suis entrée dans le bureau de mon psy, en lui disant que je n'étais pas si mal et en ne pouvant pourtant pas faire cesser ces maudites larmes. S'il arrêtais aussi de me parler de ses belles histoires de paternité et d'amour familial, je me controlerais probablement un peu mieux...

Moi je vais toujours bien, dans tout et malgré tout, surtout parce que j'haïs ça aller mal et que l'adversité est une opportunité d'être forte, alors ne pas arriver à s'adapter à de petits cours, c'est dur à prendre. Je crois que travailler en zone de guerre irait moins jouer dans mes zones d'ombre que d'être quelconque dans une université isolée du Québec, à bucher sur des cours avec des filles extraordinaires dont je ne me sens pas proche, assaillie par les doutes de me perdre dans ce métier d'empathie, de force et de douceur ou de n'être simplement pas à la hauteur. Parce que ça, ça me connecte sur moi, et pas sur mes aspects les plus zens.

Donc ça allait "tellement bien" que même sortie du bureau de mon psy, j'ai pleuré sur mon vélo jusqu'à chez moi puis longtemps dans les bras de mon chum.

Il m'apparait clair que je n'ai pas besoin de travailler sur mes cours pour me sentir mieux, mais sur mon estime de moi.

Je retourne étudier quand même...

10 commentaires:

Unknown a dit…

-tu sais si tu arrives par quelques mots sur un site web à nous faire sentir à quel point tu es empathique, forte et douce à la fois - tu l'es assurément encore plus clairement en "live". c'est vers un métier merveilleux qui touche quotidiennement au miracle de la vie, de la mort, de la force et de la douceur que tu te diriges, tu n'irais pas là si tout au fond, tu ne t'en sentais pas capable. bon courage!

Vertige a dit…

Merci beaucoup Annabelle. Ça me touche.

Anonyme a dit…

Tous mes doutes sur ma vocation de sage-femme se résument (enfin, résumé... tu en dis long ;)) à ce que tu viens d'écrire. Suis-je assez si, assez cela, aie-je assez confiance en moi... Généralement je suis confiante d'avoir trouvé ma voie et j'ai une hâte féroce. Mais quand je vais moins bien, mes doutes me submergent et c'est alors très pénible, j'ai peur... Mais je refais toujours surface... Je crains ce que tu décris... précisément.

Comment cela se passera-t-il pour moi ? On verra... Je travaille beaucoup sur moi, je vois un psy pour vaincre ma "timidité" pour tenter de ne pas me sentir seule, encore une fois, dans un groupe... (ballet, traduction et sage-femme, je ne choisis que des domaines de filles !). Donc je te comprends... très bien. Bien sûr je suis mal placée pour te conseiller... Mais je pense que tu t'y prends de la bonne façon, et au moins tu sais ce qui cause tes difficultés.

Le processus d'admission me semble si rigoureux que je doute qu'ils laissent passer quelqu'un qui ne correspond pas. En entrevue, on ne peut pas vraiment cacher qui on est. Ce n'est qu'un moment, mais je pense que c'est difficile de se tromper énormément sur la nature de la personne qui nous fait face. Tu es à ta place. Prends-la, occupe-là ;) Ça prendra peut-être du temps, mais je suis sûre que tu peux arriver à te sentir bien dans ton nouveau milieu. 3-4 semaines, c'est peu de temps au fond...

Courage !

Ly

PS: merci pour ton dernier commentaire, ça m'a beaucoup aidé à dédramatiser ! Et au besoin, je ferai appel à toi puisque tu me le proposes... Je verrai au moment venu, mais ça me réconforte énormément, ta solidarité, alors qu'on se connaît peu ! Merci.

Vertige a dit…

Ly: J'ai envie de te dire que si tu as cette conscience de toi et que tu travailles sur ce qui te fait douter, tu ne peux que grandir. Se poser des questions et vouloir s'améliorer, ce n'est pas necessairement mauvais si on arrive à avoir et garder confiance en soi!

Évidemment, c'est tellement plus facile de le dire que de l'appliquer à moi même...

Je me rends compte que lorsque je dis que j'étudie en pratique sage-femme, beaucoup de gens m'accordent instantanément leur confiance et me racontent des choses plutôt personnelle parce qu'ils s'imaginent que je peux comprendre. Je pense à une chauffeure de taxi que j'ai rencontré l'autre jour... Ça sera pareil pour toi. (Ils n'ont pas tord, ça me fait plaisir de les écouter.)

Je me dis qu'on aura ça quand notre confiance fera un peu défaut: la confiance des gens en notre profession. Les relations s'établissent plus facilement sur cette base là. Les relations professionnelles du moins. Il y a un préjugé favorable parce que les femmes savent qu'on est là pour elles et que des femmes sages et empathiques nous ont précédées. Oui, il y a une pression d'être, mais je vais me laisser le temps de voir et d'apprivoiser... Il est surement plus facile de devenir quand les autres nous pensent déjà ce qu'on est pas sure d'être.

Je suis sure que tu es plus prête que tu le crois!

xx

Anonyme a dit…

Allô Vertige,

Je comprends totalement ce que tu vis. Je finis actuellement mon bacc de 4-5 ans et tout le long j'ai eu cet épouvantable sentiment d'imposture. Aujourd'hui encore je suis convaincue que je n'arriverai jamais à faire ce job. Je pense déjà retourner étudier autre chose, malgré le fait que je suis malheureuse comme les pierres aux études; de plus, le placement est difficile dans mon domaine actuellement. Je pleure souvent et je ne dors plus, sachant que je dois me trouver un emploi bientôt. L'école ça rend fou tu dis? C'est une véritable calamité. Moi aussi, cet esprit de performance qui gruge ma santé mentale depuis si longtemps... Ces nuits à étudier depuis que j'ai 14 ans. Ah j'en ai eu des prix... Mais à quel prix?

Aujourd'hui je réalise que j'ai perdu 10 ans à me bourrer frénétiquement le crâne de choses plus ou moins utiles, que j'ai choisi ce mode de vie en réaction à mon enfance difficile. Ma vie sociale est devenue presque inexistante, je suis dans une impasse. Et pourtant je suis certaine que tu trouverais que je ressemble aux filles de ta classe. Je les connais ces filles qui étudient en santé, douces, belles, parfaites, saines... J'en ai toujours été jalouse! Même si je peux sûrement leur ressembler de l'extérieur.

Ne te laisse pas tromper par les apparences. Toute vie rencontre ses difficultés. Il n'y a qu'une seule condition pour être bon dans ce qu'on fait: il faut aimer ça. C'est tout ce qui compte, même si tu sens des différences, même si tu te sens poche. Le reste vient tout seul. Si tu doutes de ta place, demande-toi si tu aimes ce que tu fais. Dans ton cas, je suis certaine que la réponse est positive (dans le mien ce n'est pas si certain, alors tu vois, il y en a des pires que toi ;).

Je te souhaite bon courage car je sais qu'étudier c'est long et chiant et dévalorisant et surtout qu'il n'y a jamais d'arrêt à cette culpabilité qui nous ronge dès qu'on fait autre chose qu'être plongé dans ses livres.

PS. Je crois qu'il y a eu un quiproquo dans un commentaire d'un de tes derniers post, moi je suis une anonyme mais qui ne va pas étudier en pratique sage-femme, je crois que c'est une autre commentatrice qui s'enligne pour ce métier.

Vertige a dit…

Possible que je me sois mélangée dans un autre message. Excuse moi!

Je me reconnais tout à fait dans ce que tu écris. Les A+ n'ont servi qu'a augmenter mes exigences envers moi même. Je me sens coupable à longueur de session pour chaque minutes ou j'aurais pu étudier. Il n'y a pas de fin, ce n'est jamais assez, j'aurais toujours pu faire plus, même quand j'ai des notes parfaites. Ça me rends réellement déséquilibrée, obsédée.

Pour mes dernières années d'études, j'aurais envie d'expérimenter autre chose: la vie! Je suis certaine que je peux survivre à un 80, voire à un 70. Je pourrais peut-être même couler un examen sans que le monde arrête de tourner. Peut-être pourrait on simplement s'amuser à apprendre et se laisser de l'espace pour autre chose que les études dans la vie?

Je te souhaite de trouver ta voie. Ton sentiment d'imposture n'est probablement qu'un sentiment. Je te comprends mais il ne faudrait pas laisser la peur se mettre dans ton chemin. Si tu réalises que tu serais mieux dans autre chose, c'est une autre histoire.

Les études, c'est un chemin dur, mais connu et rassurant. Je serais tentée d'y rester tout le temps parfois. Pourtant, il faudra bien un jour aller dans le vrai monde...

Bon courage!

xx

Anonyme a dit…

Bonjour Vertige, les zétudiantes SF et les autres,

Ce doute dont tu témoignes si bien (associé ou non à un manque d'estime de soi), il va aller et venir tout au long des 4 années d'étude. Il est sain et tout à fait normal de l'éprouver. Que ce soit face au rytme soutenu des études (malgré tout, on veut performer et donc on se rajoute encore de la pression, et la nourriture-compensation / réconfort a pris bcp de place depuis que jai commencer le bacc), que ce soit face aux réalités du métier de SF, notemment la contrainte d'être sur appel pour les accouchements (vous allez le découvrir lors de votre premier stage) et y'a des filles qui décrochent pour ça. Le niveau de responsabilité - et Dieu sait qu'est-ce qu'on en prend sur nos épaules - peut générer des (gros) doutes aussi. Cet aprentissage très exigeant est un long cheminement à un niveau plus personnel aussi et certaines ne sont pas prêtes à ça, trop confrontant. Donc on en perd pas mal en cours de route, certaines font des pauses BB également, bcp dailleurs dans ce programme ; on les retrouve souvent un an plus tard. Toujours est-il que c'est fascinant de voir l'évolution de ces filles. Les étudiantes de ma cohorte ont gradué cette année et ce n'est plus du tout les mêmes que celles qui ont démarré le programme 4 ans auparavant!
Cette année, j'ai vécu ce doute en reprennant après mon arrêt de 2 ans pour (double) maternité. Il a surgi violemment, sans s'annoncer et ce, malgré la passion du métier. La grosse fatigue non résorbée depuis la naissance de mes filles et la grosse rentrée pour moi m'ont fait complètement paniqué. De plus, faire ma reprise en commençant de plein pied avec la réanimation néonatale (avant de partir en stage), ça m'a fait tout drôle. Le niveau d'exigence est là, de suite, le niveau de responsabilité, également et je me suis retrouvée à me poser tout un tas de questions : Est-ce que je suis prête à retourner maintenant? (fatigue, qq problèmes de santé qui se sont ajoutés au tableau, les filles encore petites et demandant bcp de maternage), Est-ce que j'ai les compétences pour ça et la "poigne"? Mon manque de confiance a ressurgit de plein fouet et mon arrêt de 2 ans y est certainement pour qqch.
 Après avoir parlé avec différentes profs (dont une mère de jumelles), mais aussi avec ma préceptrice, me revoilà finalement sur les rails, repartie pour 2 ans!

Bon, je vais m'arrêter-là car j'étais debout toute la nuit pour un acc, j'ai roupillé qq heures cet p.m, mais je sens encore l'appel du lit très fort, surtout que je suis toujours de garde et qu'on a une cliente due, over-due, qui pourrait tout à fait accoucher cette nuit. Je dois prendre soin de moi. Encore un apprentissage exigeant pour moi.

Stéphanie

Anonyme a dit…

Salut Anick,
j'espère que tu vas bien.

Je me demandais si tu allais éventuellement "rouvrir" ton blog parallèle "courrier antirégime". J'aurais quelques questions et interrogation et demandes de mini conseils à ce sujet. Je pourrais le faire ici mais ce serait long ! (en fait j'écris toujours de longs commentaires... oups).

Stéphanie : Une autre étudiante sage-femme ! Super. Je suis toute rêveuse en constatant que tant d'étudiantes sages-femmes font des bébés pendant leurs études. Ça doit être affreusement difficile à gérer pourtant ? J'aurais vraiment voulu avoir des enfants avant mes 29 ans, mais je vais sortir de l'université à pratiquement 30 ans si je suis prise pour septembre 2009 à l'UQTR. Mais je m'imagine mal avec un (ou 2...!!) bébés en bas âge à m'occuper, et surtout d'avoir à déménager pour les stages avec ma petite famille ! Comment gérer cela ?

Est-ce raisonnable d'espérer pouvoir toujours obtenir mes stages près de chez moi ? (donc Blainville, C-d-N, Pointe-Claire, et éventuellement Mont-Royal p-e?). J'imagine que celles-là sont les plus populaires... Je me demandais aussi : comment se passe l'embauche après autant de stages ? Peut-on aller vers une MdN inconnue (c'est-à-dire où on n'a jamais fait de stages) ou passe-t-on en 2e choix après celles qui ont fait une majorité de stages là ? Je suis déjà en train de tourner la question en tous sens, je pense que c'est un exemple parfait de mettre la charrue devant les boeufs :D

Mais ça fait partie du dilemme kids or no kids... Y a rien de mal à essayer tant bien que mal d'organiser nos projets de vie non?

Enfin, voilà, je vais m'arrêter ici sinon j'en ai pour des heures ! Merci pour vos réponses toutes les deux, si vous en avez :)

-Ly

Anonyme a dit…

Stephanie:

Je suis super contente d'avoir de tes nouvelles! J'ai aussi eu ton bonjour de N. qui t'as vue à la MDN... C'est comme si tu avais soudain pris un peu plus de réalité hors de ce monde virtuel et ça m'a fait tout drôle de ne pas savoir de quoi tu as l'air et de peut-être un jour te croiser à l'université sans le savoir, héhé.

J'espère que tu arrives à te reposer un peu et à prendre soin de toi. C'est tellement important, surtout lorsqu'on a une occupation qui nous branche tellement sur les autres, et j'imagine bien que tes filles ne doivent pas être un incitatif à te concentrer sur toi! (mais quelle belle distraction... et elles doivent surement te ramener à toi de bien des façons...)

C'est certainement un métier qui impose beaucoup de réflection, de doutes et de remise en question, souvent saines au fond, mais ça fait quand même du bien de savoir que d'autres passent et sont passées par là. Merci de le partager!

Allez, bonne continuité et n'hésite pas à me donner de tes nouvelles si le coeur t'en dit!

Vertige
xx

Anonyme a dit…

ly: tes questions sont toujours les bienvenues ici ou sur le courriel de l'autre page! Toutefois, je ne sais pas si beaucoup de gens passent encore sur l'autre page, et la richesse de cette page, c'était justement d'avoir d'autres point de vue que le mien.

Tout ça, c'est une démarche tellement personelle ou c'est au fond de soi qu'on va trouver ses réponses! Ça donne quand même des pistes de savoir par ou d'autres sont passés, par ou et comment ils se sont découverts et ou ils se sont plantés...

Bref, j'attends tes questions, et on verra comment on peut y réfléchir ensemble!

Pour ce qui est des études, je crois qu'il faut apprendre à trouver son équilibre dans les nombreuses incertitudes du programme, et du métier.

Les responsables des stages vont faire ce qu'elles peuvent pour t'accomoder le plus possible, mais cela dépend aussi de nombreux facteurs imprévisibles dont les choix des autres filles de ta cohorte, le nombre de préceptrices disponibles et tous les changements de dernière minutes qui peuvent survenir. A mon avis, vaut mieux envisager tout ça avec confiance mais en sachant que tout est possible...

On a appris le premier septembre que le programme était en restructuration et que nous avions maintenant à l'horaire un stage d'été pour combler les "vacances" entre la première et la deuxième année. Ça pratique la flexibilité, disons ça comme ça...

Pour ce qui est de l'embauche, je n'en sais rien, mais la situation des SF est tellement dynamique que ça risque d'être un tout autre portrait dans 4 ans. Je pense qu'on ne manquera pas de travail...

Ne t'en fais pas trop, il y aura toujours un chemin ou que tu veuilles aller! Assure toi juste d'avoir une bonne paire de godasses!

Bonne semaine!

Vertige