Depuis quelques mois, je m'autosabote malgré cette motivation intérieure de vouloir tendre vers l'équilibre.
Je crois que j'ai peur de continuer à maigrir. Que maigrir garde une trop grande signification. Que c'est pour cela que je n'y arrive pas.
J'ai peur que le vide que je ressens dans ma vie et que le manque d'estime que j'ai pour moi n'ait plus l'excuse du gras. En fait, déjà, mon excuse s'étiole: je la sais mauvaise et insuffisante et pourtant, je m'y accroche.
J'aurais presque envie, chose impensable, de remercier cette couche de gras qui m'a protégée de ma haine et des autres parce que je lui en donnait la tâche, inconsciemment bien sur. Je préfère mille fois être rejetée par des imbéciles qui ne me trouvent pas assez parfaite physiquement que pour ce que je suis. J'ai une allergie au rejet.
Je préfère aussi croire que je ne m'aime pas à cause de quelques bourrelets et de croire au pouvoir salvateur d'un régime qui me rendrait légère que de savoir que c'est un trou d'absence et d'abandon qui me fait me traiter comme d'autres l'ont fait alors que j'étais trop petite pour comprendre.
Le problème, c'est que je ne crois plus à tout ça. Je sais qu'on peut être ronde, belle, aimable et aimée simultanément. C'est l'ambivalence entre les espoirs qu'on sait faux et la réalité difficile sur laquelle j'ai un pouvoir.
J'ai la chance d'être aimée profondément (sans croire au fond le mériter) et d'être là ou je veux dans la vie (sans m'y croire totallement à ma place). Le désir profond que j'ai aujourd'hui, ce qui manque, c'est de m'aimer et d'être fière de ce que je suis, de le ressentir. J'ai envie d'avancer dans la vie la tête haute, en toute confiance. Mais il y a encore des moments ou la peur du vide et la peur d'être exposée me donne envie de me compresser les émotions avec n'importe qu'elle scrap alimentaire, comportements dont je ne suis pas fière et qui me garde dans mes vieilles habitudes.
Je n'ai pas besoin d'un régime. Malgré toute cette démarche, ils me tentent encore parfois. C'est plus facile même si ça ne règle pas le problème. Au moins, ça détourne l'attention du vrai problème. J'ai besoin de m'aimer plus pour m'écouter. J'ai besoin de ne pas laisser un paquet de biscuit m'empêcher d'explorer des émotions difficiles pour me conaitre là dedans. Manger trop, ça m'a permis de survivre mais c'est un bouclier trop lourd pour se lancer avec légèreté dans la vie. Je rêve d'être bien dans ma tête et dans mon corps et, les jours ou je prends soin de moi, c'est déjà une pleine réussite. Un jour, j'arriverai surement à dépasser mes barrières émotives et mon corps pourra se délester de ses protections. C'est pour ça que j'ai envie de me voir mince, pour me dire que j'ai réussi à être libre, jours après jours, tout en sachant que ça ne me rendra ni plus aimée, ni plus aimable (sauf pour les cons!), ni autre que la fille que je suis alors que j'ai si souvent voulu croire que je pourrais devenir une autre que moi.