vendredi 28 novembre 2008

Un mur à briser


Depuis quelques mois, je m'autosabote malgré cette motivation intérieure de vouloir tendre vers l'équilibre.

Je crois que j'ai peur de continuer à maigrir. Que maigrir garde une trop grande signification. Que c'est pour cela que je n'y arrive pas.

J'ai peur que le vide que je ressens dans ma vie et que le manque d'estime que j'ai pour moi n'ait plus l'excuse du gras. En fait, déjà, mon excuse s'étiole: je la sais mauvaise et insuffisante et pourtant, je m'y accroche.

J'aurais presque envie, chose impensable, de remercier cette couche de gras qui m'a protégée de ma haine et des autres parce que je lui en donnait la tâche, inconsciemment bien sur. Je préfère mille fois être rejetée par des imbéciles qui ne me trouvent pas assez parfaite physiquement que pour ce que je suis. J'ai une allergie au rejet.

Je préfère aussi croire que je ne m'aime pas à cause de quelques bourrelets et de croire au pouvoir salvateur d'un régime qui me rendrait légère que de savoir que c'est un trou d'absence et d'abandon qui me fait me traiter comme d'autres l'ont fait alors que j'étais trop petite pour comprendre.

Le problème, c'est que je ne crois plus à tout ça. Je sais qu'on peut être ronde, belle, aimable et aimée simultanément. C'est l'ambivalence entre les espoirs qu'on sait faux et la réalité difficile sur laquelle j'ai un pouvoir.

J'ai la chance d'être aimée profondément (sans croire au fond le mériter) et d'être là ou je veux dans la vie (sans m'y croire totallement à ma place). Le désir profond que j'ai aujourd'hui, ce qui manque, c'est de m'aimer et d'être fière de ce que je suis, de le ressentir. J'ai envie d'avancer dans la vie la tête haute, en toute confiance. Mais il y a encore des moments ou la peur du vide et la peur d'être exposée me donne envie de me compresser les émotions avec n'importe qu'elle scrap alimentaire, comportements dont je ne suis pas fière et qui me garde dans mes vieilles habitudes.

Je n'ai pas besoin d'un régime. Malgré toute cette démarche, ils me tentent encore parfois. C'est plus facile même si ça ne règle pas le problème. Au moins, ça détourne l'attention du vrai problème. J'ai besoin de m'aimer plus pour m'écouter. J'ai besoin de ne pas laisser un paquet de biscuit m'empêcher d'explorer des émotions difficiles pour me conaitre là dedans. Manger trop, ça m'a permis de survivre mais c'est un bouclier trop lourd pour se lancer avec légèreté dans la vie. Je rêve d'être bien dans ma tête et dans mon corps et, les jours ou je prends soin de moi, c'est déjà une pleine réussite. Un jour, j'arriverai surement à dépasser mes barrières émotives et mon corps pourra se délester de ses protections. C'est pour ça que j'ai envie de me voir mince, pour me dire que j'ai réussi à être libre, jours après jours, tout en sachant que ça ne me rendra ni plus aimée, ni plus aimable (sauf pour les cons!), ni autre que la fille que je suis alors que j'ai si souvent voulu croire que je pourrais devenir une autre que moi.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

je te lis depuis quelques temps suite à ma découverte du livre "manger". Je vis des trucs semblables aux tiens, et suite à la lecture du concept de 'anti-régime, j'ai poussé un peu plus ma réflexion, et pour m'aider, je me suis inscrite au programme "choisir de maigrir?" développé par le groupe ÉquiLibre et donné par mon CLSC.

On y pousse la réflexion un peu plus loin que " je veux maigrir". Pourquoi? Quel avantage je peux trouver à maigrir et à rester ronde? Pourquoi je mange? Pourquoi je mange trop? Quels sont les pièges à éviter?

Évidemment, c'est parfois par peur des réponses que l'on préfère rester la même sans se poser de questions, ça fait mal la vérité parfois...

J'admire beaucoup ta démarche et ta conscientisation, merci de prendre la peine d'écrire tout cela, ça fait du bien à ceux qui passent par ici au moins autant que ça te soulage.

Alors ne lâche pas, la route est parfois semée d'embûches mais l'important c'est d'avancer pas à pas!

Anonyme a dit…

Pauvre chouette... Tu sais ce que je crois? On essaie tellement de se comprendre, de s'auto-analyser, de se trouver des explications, des voies à suivre... Je pense qu'au bout de tout ça, toutes ces réflexions et suppositions et thérapies et livres lus sur la meilleure façon de se bâtir comme personne... Je pense qu'on en vient à se perdre. C'est très utile de réfléchir sur soi-même et d'analyser ses patterns psychologiques. Mais à un moment donné il faut que ça cesse. Il faut dire, d'accord, je me comprends, j'essaierai d'approfondir plus, disons, dans 6 mois. Et en attendant, je VIS. Oublier tout ça et juste suivre où la vie nous amène au jour le jour. Essayer d'être heureuse là là. Essayer d'être bien à chaque instant. Trop de réflexions, ce n'est peut-être pas si bon. Peut-être qu'il faut juste apprendre à se reconnecter avec notre intuition. C'est difficile, mais si le bonheur passait tout simplement par plus de liberté mentale, un peu plus d'insouciance et d'écoute spontanée de soi-même, de ses envies...?

Je me rappelle qu'une fois j'ai bûché des heures sur un problème de maths pour finalement me faire dire qu'il fallait juste employer le théorème de Pythagore. Avoir su! Quand je me sens aux prises avec un problème insoluble ou quand je me mets à me radoter mentalement les mêmes explications pour m'auto-analyser moi-même... Je comprends que la solution est sûrement moins compliquée que ça, que c'est probablement juste un cas de Pythagore, qu'il faut juste que j'y aille avec plus de spontanéité et d'insouciance.

Tu as un bon ressenti de toi-même Vertige... Mais un ressenti ne sert pas qu'à être expliqué et analysé, il sert à être écouté en silence, il ne demande qu'à te guider. Fais-lui confiance!

Anonyme a dit…

Moi aussi, je suis allergique au rejet. Moi j'ai "choisi" la solitude pour me protéger. Et maintenant j'apprends tranquillement à aller vers les autres. C'est dur, c'est fou... Je comprends tes réserves, c'est "contre-nature" de vouloir aller contre ses mécanismes de défense...

As-tu déjà essayé la thérapie cognitive-comportementale? C'est peut-être indiqué dans ton cas, ça vaut la peine de t'informer si ne l'as jamais fait.

Je suis d'accord avec la personne ci-dessus, à force de trop s'analyser parfois on se perd, mais c'est dur de faire le deuil d'une réponse imminente... c'est vrai.

Le chemin est long et difficile, mais même en avançant lentement, même si ça prend du temps, on progresse toujours... regarde le chemin que tu as parcouru depuis quelques années, tu vas finir par y arriver !

Pomme verte a dit…

Je te lis avec admiration. Je me regarde, je te regarde et je vois tous le chemin que tu as fais, ce n'est pas facile tous les jours! J'ai espoir!

Les propos d'Anonyme me parlent et me plaisent, mais qu'il est difficile de se laisser aller tout simplement, ne pas se questionner à l'infini... Analyser et questionner je ne fais que ça! Cela me rappelle la petite allégorie du milles pattes a qui on demande comment il fait pour marcher avec autant de pieds et qui devient alors confus suite à cette question, ne sachant plus ou mettre les pieds ...