Chez nous, on avait pas la télé. Pas d'antenne. Pas de câble. Juste un vidéo, pour écouter des documentaires et des films d'auteurs en cantonais sous titré.
J'adorais le dire chaque fois que l'occasion venait. "Nous, on préfère être dehors, jouer de la musique, lire, se parler..." juste pour voir ce petit air incrédule ou admiratif qui se dessinait dans la face des autres. Ça me donnait un petit air d'élite, autant avoir l'air puisque je n'en ai ni la chanson, ni le sac à main, ni l'abonnement au théâtre de Quat'Sous...
Mais voilà, c'est arrivé: j'ai enfin compris comment fonctionne la manette et j'ai réalisé qu'on capte Télé-Québec. La télé roule maintenant non-stop jusqu'à 18h45, heure approximative du retour de mon amoureux, me donnant tout le loisir d'écouter des choses très instructives mais j'avoue qu'au final, je passe plus de temps avec Dora l'exploratrice et Zoboomafoo.
J'ai décidé cette semaine qu'il me faudrait faire mon coming out, puisqu'une super émission passe en soirée, et avouer mon amoureux que finalement, j'aime ça la télé, moi, et que je vais l'écouter de temps en temps, bon, pis t'as rien à dire contre ça!
Manquant de courage, j'ai laissé la télé allumée et je suis partie pour la soirée. À mon retour, j'ai trouvé un gars hypnotisé la bouche ouverte devant l'écran, le cerveau amputé de la capacité de tourner la tête et de répondre quelque chose d'audible à "bonjour". C'était gagné.
Tout ça pour dire que, dans le cadre de mon retour désordonné à l'anti-régime, j'ai décidé qu'il serait prioritaire de revenir à manger sans distraction. Ma meilleure amie fait les combinaisons alimentaires? Moi aussi! Elle, c'est la viande sans les patates, le pain sans beurre ni confiture, les pâtes sans sauce et la guerre au dessert (bref, tout ce qui va bien ensemble ne doit pas être mangé ensemble, c'est l'alimentation sans le plaisir à mes yeux, yark!) ; moi j'évite la nourriture avec les livres, la t.v., le piano ou l'ordi.
C'est pas facile. Je rechute souvent. Rien ne me détends plus qu'une soirée devant un film à manger n'importe quoi sans y penser (n'importe quoi sauf des crudités sans trempette et autres absurdités dans le genre, évidemment). Et dans les autres moments, j'ai besoin de me distraire de moi, de l'anxiété de manger, de la solitude...
Pour changer une habitude ou une dépendance, il faut réaliser pleinement ce que ça nous apporte. La bouffe n'est pas un problème et moi non plus. Il faut juste enlever les interférences qui nous empêchent de communiquer...
J'entends certaines femmes dire que c'est plus simple de se libérer de d'autres dépendances comme l'alcool, la cigarette ou les drogues et que nous, qui traitons parfois nos émotions à coups de morceau de tarte au sucre, sommes constamment bombardées d'images de bouffes, d'incitation à manger, sans pouvoir éviter l'obligation de manger.
Vrai, mais faux. Nous sommes dépendants de la nourriture, mais ce n'est pas un problème! C'est un besoin vital et le plaisir que combler sa faim nous apporte devrait se savourer comme un verre d'eau quand on a soif ou une toilette quand ça fait une demie heure qu'on la cherche frénétiquement dans un centre d'achat...
On ne règle rien en blâmant la tarte au sucre ou en s'en privant. C'est simplement un malentendu dans l'utilité qu'il faut régler. Et pour ça, il faut communiquer, s'écouter surtout.
lundi 19 octobre 2009
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3 commentaires:
Je me confesse : ça fait au moins... 5 ans que je ne mange plus à table... Et je ne suis pas capable d'arrêter. Heureusement je me sers des portions, c'est pas comme si je prenais un plat et que je le vidais, mais bon... Je sais que je devrais changer ça mais j'en suis incapable. J'ai vaguement essayé, mais mon instinct de productivité (pour contrer ma paresse et ma procrastination bien sûr) est plus fort!
C'est super intéressant te lire, tu es productive ces temps-ci ;)
Je comprends de quoi tu parles; je suis du genre à étudier, écouter la radio et peindre en même temps... Et quand j'avais plusieurs chaines, je ne pouvais pas écouter qu'un film à la fois!
Productive? C'est plutôt que j'ai du temps ;o)
ah c'est très très juste ce que tu dis! moi je ne mange plus ou quasi plus devant un film - je n'ai pas la télé, je regarde de temps en temps un dvd, mais je vais surtout au cinéma. c'est drôle, en fait je ne sais pas comment c'est venu, parce qu'à une époque, avant ma zermatisation on va dire, c'était très fréquent - et hop un pot de h*d* comme dans les films...
par contre, manger seule sans lire, ça c'est très très dur...
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