jeudi 8 octobre 2009

Je suis en formes

Histoire d'une longue année...

Il y a eu le fait que j'avais maigris, que j'étais stable, mais que j'aurais bien aimé maigrir encore et que mon corps ne semblait pas vouloir collaborer dans la douceur. Je serais passée par dessus, peut-être, avec d'autres circonstances.

Mais il y a eu la difficulté à tomber enceinte et ce médecin qui n'arrêtait pas de me dire que si je voulais vraiment un bébé, ça ne pourrait pas nuire de perdre du poids. Puis il y a eu ma fausse couche, avec ce même médecin pas délicat pour me dire que je n'avais pas fait grand chose pour que ça n'arrive pas.

Puis mon drôle de psy, supposément spécialisé dans l'approche anti-régime, m'a conseillé à plusieurs reprises d'aller voir une autre entreprise d'amaigrissement avec laquelle il était affilié.

J'y suis allée et je n'ai pas aimé. Je n'ai pas embarqué, mais le doute était semé. Je devais faire quelque chose, faire plus attention...

En escale à Paris, j'ai rapporté dans mes valises le livre du docteur Cohen. J'ai essayé moins d'une semaine, tiraillée entre mon désir de maigrir et le savoir de ne pas m'y prendre d'une bonne façon. Ce passage m'a fait reprendre contact avec mes troubles alimentaires. Je me suis vite forcée à ne pas retomber dans l'anorexie ou les vomissements, mais pour l'hyperphagie, ça a été le grand retour.

Je ne voyais plus personne pour m'aider et de toute façon, je ne voulais pas les entendre. J'étais déprimée. J'ai repris du poids et j'aurais aimé le voir disparaitre du jour au lendemain.

J'ai quand même essayé d'affronter quelques fantômes de face. Je suis allée visiter ma mère. j'ai fait le ménage ailleurs aussi.

Puis j'ai su que j'étais enceinte. Bien qu'attendue, cette nouvelle m'a un peu chamboulée. J'aurais préféré reprendre le contrôle de mon corps et de mes crises avant. J'ai arrêté de m'entrainer au premier trimestre pour diminuer les risques de fausse-couche et ça n'a pas aidé avec l'anxiété.

L'ANEB m'a appelé en septembre. J'avais demandé de faire partie de groupe de soutien fermé pour l'hyperphagie il y a de ça plusieurs années et une place s'était enfin libérée pour moi. Moi qui croyait m'être sortie de ce problème, le moment était bien choisi pour avoir de l'aide, d'autant plus que j'ai du renoncer à mon stage en maison de naissance pour cette session à cause de la grossesse. J'ai du temps et l'envie de prendre soin de moi et de faire le ménage à fond sur ce qui n'a pas été résolu la dernière fois.

Puis j'ai recommencé, la semaine dernière, à voir ma nutritionniste, parrallèlement aux rencontres avec mon groupe de soutien.

Si je vous parlais un peu d'elles? Nous ne sommes que 5, plus deux intervenantes surprenantes. La première fois que je les ai vues, je me suis dit que je n'étais pas à ma place, qu'elles avaient toutes visiblement un beaucoup plus gros problème que le mien. Je m'étais trompée. Elles me ressemblent. Quand elles parle, souvent, je m'entend penser. Je les admire. Je les trouve fortes, tellement inébranlables qu'elles en sont là, mais sensibles aussi, ayant trouvé une façon d'affronter la vie... Et elles me font du bien même si nous ne sommes pas toujours rendues au même endroit.

J'ai déjà fait du chemin, je le sais, et je sais aussi vers quoi je veux aller, mais je réalise que certaines blessures d'enfance sont difficile à outrepasser parce que parfois, je me suis bâtie sur ces cicatrices. Dans tout ça, la bouffe, ce n'est rien d'autre que la pointe de l'iceberg et parfois, je préfère rester sur cette pointe parce qu'en dessous, l'eau est frette pas à peu près.

Évidemment, ma vie ne se résume pas à ça et je me sens capable de me lancer dans ces cotés plus sombres parce que ma vie de tout les jours compense en calme, en projets, en sérénité et en amour. Mais voilà, de ça, de ce tabou dont on ne parle jamais, j'ai envie de parler maintenant.

Je pensais à tout ça cet après midi, en marchant vers la maison. Un monsieur m'a arrêté pour me dire que j'étais en forme.

Je n'ai pas compris ce qu'il voulait alors il m'a répété, en se faisant des hanches, des fesses, des seins et un ventre avec ses mains, que j'étais en formes. Et belle, rayonnante. J'ai eu envie de le tuer ou de pleurer sur place, et je suis partie. Puis je me suis dit qu'il avait raison, et que c'est un fait que je dois accepter pour le moment, que je devrais voir les choses comme lui, que rien ne sert de me trouver moche. Je suis en formes...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce serait si simple la vie s'il n'y avait pas le phénomène un pas en avant-deux pas en arrière quand on veut évoluer... Toute qu'une année en effet pour toi. J'éprouve beaucoup de compassion, je devine la panoplie d'émotions vécues...

Oui, j'ai une sympathie immense pour toute l'histoire sauf un bout. Celui du médecin débile et du psy merdique. Je trouve qu'on a assez de se battre contre certains côtés de soi-même dans la vie, ça me rend toujours maboule de constater qu'il faut aussi se battre contre ces gens-là. Tu vois, toi c'est le JdeM, moi c'est les supposés professionnels de la santé qui disent n'importe quoi sans empathie en vous envoyant au visage tous leurs préjugés et croyances erronées. De grâce, j'espère que tu ne reverras plus ces cons, c'est une insulte à ton bon sens, à ta sensibilité. J'en aurais long à dire sur les médecins, je vais m'arrêter ici sinon je vais me mettre à pomper, mais je te souhaite simplement une belle grossesse et un bel accouchement 100 % sage-femme.

À bientôt, MH

Vertige a dit…

Ne t'inquiète pas, je n'ai revu ni ce psy ni ce médecin. J'ai eu assez de mauvaises expériences avec des professionnels pour les faire redescendre de leur piédestal et me rendre bien compte que de longues études ne font pas toujours de quelqu'un un modèle de qui je devrais apprendre...

Je pense à ce médecin que j'étais allée voir alors que je n'arrivais pas à me sortir d'une phase de boulimie vomitive qui me faisait peur à moi même. Il m'a regardé de la tête au pied et m'a dit que ça allait, que je n'étais pas trop maigre et que je faisais bien de surveiller mon poids pour ne pas être en surpoids parce que du surpoids, c'est dangeureux! Ben oui, c'est pour savoir ça que je viens te voir, merci quand même!

Et c'est une histoire parmi tant d'autres! On sens que pour toi aussi, il y a du vécu derrière à ce sujet...

Bon matin et à la prochaine!

xx

Unknown a dit…

Ça me touche tout ce que tu dis là. Disons que ça rejoint certaines choses qui se passent présentement dans ma famille... et dans une certaine mesure, ça me rejoint beaucoup aussi personnellement...

Je suis découragée de voir qu'autant de "professionnels" ne le sont pas du tout, qu'ils nuisent plus qu'ils n'aident. Quelle malchance que tu sois tombés sur des gens comme ça... ils ne méritent pas leur diplôme. C'est une bonne chose que tu réalises qu'ils ne t'aident pas.

Ça prend parfois du courage pour s'exposer comme ça, mais si ça te fait du bien et que d'autres peuvent te soutenir virtuellement et que, d'un autre côté, des gens peuvent apprendre de ton expérience, c'est positif. Même un an après, certaines choses que tu as dites l'an dernier m'aident encore. Alors merci pour ton courage :)

Au fait, sais-tu quand et comment tu pourras recommencer les stages?

Et comment se passe ta grossesse?

Prends bien soin de toi, à la prochaine!

Vertige a dit…

C'est pas tellement du courage dans le sens où ça me fait du bien et que c'est anonyme. Personne dans mon entourage n'a accès à ce blog et ceux qui peuvent mettre un visage à ces écrits, c'est celles que j'ai rencontré par ce blog.

Je suis désolée que cette situation avec des professionnels touche autant de gens. Ça ne devrait pas se passer comme ça...

Pour les stages, je pourrai théoriquement recommencer après mon accouchement, mais je me sens d'avance manquer de courage pour laisser mon tout petit bébé à la garderie. Bébé va passer en premier. Tellement que je me questionne, encore, sur mon avenir... C'est un si beau métier, mais 3 ans et demi de stage avec tout ce que ça comporte pour nous et ceux que l'on aime... C'est complètement déchirant.

Mais autrement, la grossesse va super bien et la fatigue et les nausées commencent à me lâcher! C'est vraiment merveilleux d'avoir deux coeurs après avoir autant voulu!

Bonne semaine Marjolaine!

xx