vendredi 12 décembre 2008

Frustrée

Il y a longtemps que je ne vous ait pas parlé de gras: du mien, de celui des autres et de la panique généralisée de notre société...

J'ai besoin de faire une crisette. Je n'en peux plus d'entendre tout le monde complexer. L'excuse de santé pour en parler si souvent à l'université ne tient pas scientifiquement ni même rationellement. Le gras tout court finit par être le diable en personne. Ça alimente la folie collective.

Encore hier, pendant l'étude, mes adorables collègues nous ont longuement parlé de leur gras et de leurs complexes, ce qui revient pas mal au même, alors qu'elles sont toutes petites. Toutes! Elles qui sont pourtant des filles intelligentes, spirituelles et sensibles que je considère au dessus de la moyenne! Ah...

Pour la première fois, j'ai eu envie de sacrer mon camp en claquant la porte. Quand quelqu'une dois porter du 4 et qu'elle parle de ses horribles fesses énormes et horribles à regarder, qu'elle parles d'une voix chevrotante de sa hantise de prendre 2 livres a noël, je me sens comment, moi, qui a certainement un bon 30 lbs de plus, est ce que quelqu'un y pense? Il semble que non.

J'ai clos la discussion avec humour et diplomatie et rappelant mon existence et en leur faisant remarquer qu'elles devraient toutes se mettre au régime et qu'il n'y a que moi qui, de façon fort évidente, n'en a pas besoin. (!!!) Je passe sans doute pour un modèle d'acceptation et pourtant, ça me perturbe profondément de les entendre.

Mais dès le lendemain, tout est à refaire. Dans la voiture, on parle encore de poids, sujet par excellence pour intéresser l'entièreté de sexe féminin, semble-t-il...

A chaque fois, je me sens gênée de parler d'estime de soi, d'amour et d'acceptation. On me regarde parfois comme si je devais maigrir avant de parler, d'autres fois avec compassion comme si j'étais en train d'essayais de me justifier. C'est rendu si normal de se maltraiter et de ne pas s'aimer qu'on me regarde comme si c'est moi qui avait un problème. Parfois aussi, souvent en fait, je me tais. C'est moi contre l'humanité, et ça ne me tente pas...

On parlait avec une prof qui nous avouait sa manie de manger des chips en cachette dans sa voiture, dans un climat de complicité évidente cet après midi. Comme si c'était normal. Apparemment, tout le monde devrait se cacher pour manger son péché mignon. A qui le sac vide qui traîne dans la voiture, demande le mari? Oh, surement à une étudiante! ...

Une autre collègue me parlait en petit comité, entre deux sujets, de sa faim dévorante ces jours ci. Une faim si dévorante qu'elle doit se faire vomir ensuite pour être plus confortable. Et ça semblait normal pour tout le monde. Après tout, cette fille est tellement saine, tellement belle, tellement en santé...

La santé, parlons en! Ce désir si intense de "santé"-minceur qu'on use de stratégies comme la sous alimentation, la cigarette, le déni de ses désirs, l'entrainement au point ou on s'épuise ou se blesse quand ce n'est pas carrément des pillules aux effets douteux sur le système ou les vomissements occasionnels.

C'est moi la grosse du groupe, je ne vais quand même pas donner des leçons de santé et d'équilibre hein! Ah... Mes fesses sont bien la preuve qu'il vaut mieux encore se faire vomir que de se laisser aller hein! La santé, c'est la priorité...

C'est une histoire de look, de répugnace aussi. Qu'on se l'avoue! Combien de femmes sont prêtes à hypotéquer leur santé pour en avoir l'apparence? Paraître, encore et toujours, reste plus important qu'être dans nos société individualistes ou on vit pourtant encore tellement pour le regard de l'autre. Les problèmes du comportement alimentaire n'existent que lorsqu'ils sont visuellement apparents, sinon, on devrait soigner toute la population.

Je pense qu'on devrait soigner toute la population!!!

Oui, je suis encore en surpoids, et tous les regard peuvent se poser sur moi comme si je négligeais ma santé. C'est pourtant le contraire: je ne veux plus faire n'importe quoi pour être mince. L'équilibre, je cherche à le faire dans ma tête et dans mon corps, doucement, pas à coup de haine de moi même et d'alimentation de mon dégoût. Je me soigne. Je mange du chocolat devant les gens puisque ce n'est pas un péché, si j'en ai envie. Je crois que lorsqu'on a un problème, on doit réapprendre à manger normalement et certainement pas adopter des comportements alimentaires et des façons de penser régimiennes qui font penser dans leur essence à ce qu'on retrouve chez ceux qui ont des troubles alimentaires.

Besoin de me justifier? Peut-être. Je trouve juste anormal qu'il fasse faire preuve d'une force de caractère inouie (que je n'ai pas mais que j'essaie de développer) pour s'implement s'aimer, manger normalement et s'accepter au dessus de la mêlée. Je me sens carrément marginale. Et ça me répugne de penser que j'aurai droit de parole seulement lorsque j'aurai prouvé par ma ligne que je me fais du bien.

!@#$%?&!!!

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Vertige!

Si tu savais comme je suis tannée de tout ça moi aussi! Écoeurée. À tous les niveaux. Autour de moi, les filles le savent que je ne veux pas entendre parler de régime... "Non non, je ne me prive pas, j'essaie seulement de manger plus de protéines, c'est plus soutenant... Ca empêche de grignoter... Mais je ne me prive de rien t'inquiète pas". J'hallucine.

Elles ne peuvent juste pas sortir de leur prison! Et la prison est beaucoup plus sournoise que seulement "ne pas se priver"! Tout ce qui est dit sur la santé, le poids, l'alimentation... Tout est une prison! C'est pas compliqué me semble! Exit! Sortez de là! Il faut juste retrouver sa liberté et oublier tout tout tout! Les oméga-3, les protéines, le mauvais grignotage... Je n'en peux plus! Tout le monde a un comportement complètement dénaturé par rapport à la nourriture et au poids (excès, privations, en cachette, angoisser parce qu'on se trouve grosse...) et je ne suis juste plus capable de voir tout ça. Ça me donne mal au coeur. J'ai envie de secouer tout le monde. Au lieu de ça, je me tais. Parce que les gens n'entendent plus le bon sens. Parce qu'ils me répondent: "Non non, je ne me prive pas, je fais juste attention de manger plus de légumes..." ou mon frère: " J'aime trop manger, alors pour rester mince je m'entraîne comme un fou... As-tu vu mon chest?" . Totale absurdité. Et tout le monde est convaincu d'être sur la bonne voie. J'ai l'impression de les voir se jeter en bas du pont et de rester assise impuissante dans mon auto. L'ampleur de la tâche me semble trop immense. Elle me décourage.

Je t'encourage tellement, Vertige, à ne pas lâcher. La méthode de la liberté fonctionne et vient à bout de toutes les absurdités, je te le promets. Depuis un an que j'applique l'anti-régime, je suis redevenue une personne tellement meilleure. Libre dans ma tête. Pour vrai. Et je suis à mon poids génétique. Malgré les innombrables biscuits, chips, pizzas, chocolats Lindor et j'en passe. Plus rien ni personne au monde ne me convaincra qu'il existe une meilleure façon de se nourrir que de simplement s'écouter et suivre son intuition. C'est d'ailleurs vrai dans tous les domaines de la vie. Mais les gens persistent à être malheureux et à se mettre des contraintes inutiles. C'est de la pure folie.

L'important c'est d'être bien dans sa tête à soi. Peu importe ce que les autres pensent. Lâche pas! Pour, au moins, transmettre le bon sens à nos enfants et espérer qu'un jour ça changera.

Anonyme a dit…

Ah que je comprends. J'ai eu mon party de Noël le 5 décembre au travail, et une ancienne collègue qui a quitté pour un autre emploi en janvier dernier était là. Elle a fait Minçavi et a perdu quelque chose comme 85 livres. Naturellement, cela a été pratiquement l'UNIQUE sujet de conversation de la soirée. Je suis prête à gager que dans les prochaines semaines, plus probablement au début janvier avec les "résolutions du nouvel An", Minçavi aura au moins une dizaine de nouvelles recrues.

C'est sûr que sur le coup je me suis demandée si je ne devrais pas le faire de nouveau. Puis j'ai repris mes esprits et je me suis revue moi-même à Minçavi avec mes maudites feuilles de menu (demande-moi de noter tous les jours ce que je mange et je vire folle); j'ai perdu beaucoup de poids, oui. Mais je l'ai tout repris et même plus. Pas question de me retaper ça.

Pour le moment, l'anti-régime ne m'a pas fait maigrir beaucoup. Mais je n'ai plus aucune rage, j'ai découvert que je n'aimais pas le sucré tant que ça et les portions que j'aime manger. Ça fait énormément de bien.

Et savez-vous quoi? La collègue qui a maigri, je lui trouvais, sincèrement, un plus beau visage avant. J'avais été surprise, avant son départ, d'apprendre qu'elle avait la mi-quarantaine. Je lui en aurais donné à peine 35. Eh bien maintenant, elle fait largement ses 45 ans. Et je vous jure que ce n'est pas un commentaire dénotant une envie cachée.

Suzie

Nancy a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec tout ce que tu viens de dire. Je me retrouve toujours dans les mêmes situations. Et je trouve que c'est vraiment très difficile d'apprendre à manger normalement et sans culpabilité devant les autres à cause de leur regard horrifié devant une tablette de chocolat. Le pire c'est quand tu veux être polie et que tu leur en offres et qu'on te répond non (ok..) mais surtout le POURQUOI du non. Ça, j'm'en passerais. C'est difficile après de ne pas me sentir comme la grosse cochonne qui mange du chocolat et qui n'a pas de leçon à aprendre à personne. Alors je finis par éviter de ces aliments "interdits" à la job, c'est comme si je les mangeais en cachette.

Mais... je t'encourages quand même, j'adorerais côtoyer des gens comme toi! Ça n'arrive presque jamais malheureusement.

Vertige a dit…

Anonyme: Je vois que tu vois exactement ce dont je parle! Je suis contente de voir que tu y es arrivée. Ça m'encourage vraiment. Parfois, j'en viens presque à me demander si ce n'est pas moi qui ait un problème tellement je me sens toute seule dans ce courant de pensée. Et pourtant, je vois bien en moi même la différence, cette liberté que je connais enfin et qui me fait grandir dans tous les domaines de ma vie, même si je n'ai pas encore tout réglé. Merci de ton passage et de ton mot!

Suzie: Situation confrontante. Ça m'est arrivé aussi, de rencontrer une connaissance rayonnante dans sa perte de poids spectaculaire. Elle était tellement belle, tellement fière. J'aurais préféré que ce soit encore pareil lorsque je l'ai recroisé plus tard et qu'elle avait tout repris, avec un peu de honte en prime.
On ne conserve pas le poids qu'on a perdu par déni de soi ou par d'autres méthode sans conserver le même état d'esprit ou les mêmes méthodes. Après un régime, vaut il mieux tout reprendre ou passer sa vie à se refuser nourriture et amour de soi? Je ne suis pas fixée mais ni un ni l'autre ne me semble correct pour moi!
Si je croyais que les régimes sont sains pour le corps et l'esprit, mon blog en serait un de diète! La vie me montre tous les jours le contraire. Les régimes laissent des traces: elles sont rarement positives pour le corps au bout de la ligne et clairement néfastes pour la tête.
Tu fais bien Suzie. On fait bien!

Manche de pelle: tu n'as pas a avoir honte! Garde ton bon chocolat pour toi si les autres ne peuvent pas l'apprécier. Si le boulot n'est pas un bon endroit pour apprécier, tu fais peut-être bien d'attendre un moment plus propice à la maison, mais surtout, souviens toi que ce n'est pas toi qui a un problème face au chocolat! Le chocolat ne tue pas, il nourrit comme tout ce que l'on mange. C'est quoi ce monde ou on en veut aux calories qui nous font vivre? On voudrait se nourrir sans se nourrir... Débile!

Merci pour le compliment mais... et puis pas de mais, juste merci! J'aimerais bien vous rencontrer toutes un jour. Ça viendra peut-être!


Bonne journée à toutes!

xx

Anonyme a dit…

Quand tu dis qu'on pourrait toutes se rencontrer... Ça me trotte dans la tête parfois. Je sais que Guylaine fait des ateliers, mais ce n'est pas donné à tous les budgets. Or, il me semble qu'on est plusieurs personnes sur la blogoshère anti-régime, qui se sentent seules dans leur monde avec leurs convictions du bon sens que plus personne n'entend. Il me semble que j'aimerais bien vous rencontrer toutes. Il me semble qu'on n'a jamais trop de support dans cette démarche. Il me semble que ça ferait du bien de jaser enfin avec des filles qui n'angoissent pas avec la bouffe de Noël. Il me semble que ce serait le fun de pouvoir dire à quelqu'un "ne mange des légumes que si ton corps te le demande" sans, pour une fois, se faire regarder comme une impie qui va brûler en enfer. Il me semble, en bref, que s'il te venait l'idée d'organiser un souper dans un resto 2 ou 3 fois par année avec la gang qui consulte ton blogue, je serais la première partante. :)

Je te laisse mon nom cette fois,

Marie-Hélène

Unknown a dit…

C'est vraiment une bonne idée Marie-Hélène! Ça ne devrais pas être une affaire de sous que de pouvoir rencontrer enfin d'autres filles qui vivent la même chose que nous pour sympathiser!

Voilà donc ma résolution pour 2009: un petit souper (ou plus d'un!) entre antirégimeuses affirmées ou wannabe. Ça ne sera toutefois pas pour bientôt car je pars en vacances (pauvre moi...) après les cours et que l'agenda de janvier-février est déjà pas mal plein de gens à voir pour se faire pardonner de se sauver pour noël!

Mais l'idée reste là, et si tu veux organiser quelque chose, fais moi signe et on affichera ça ici!!!

Il y a d'autres partantes? Qu'on soit deux ou 50, ça pourrait surement être intéressant!

Anonyme a dit…

Sachez que je suis tout à fait en accord avec vos idées.
Cependant, je n'ai pas de problème de poids ou d'alimentation, donc c'est probablement plus facile pour moi.
Mais de ce que je vois autour de moi outre-Atlantique (je suis français), cette guerre à la calorie est répandue dans tout l'occident, si ce n'est sur toute la planète.
Je suis régulièrement ce blog car il m'est agréable de voir qu'il existe encore des personnes pensant sainement sur cette planète.

Vertige a dit…

Bonjour Paul,

Tout d'abord, bienvenue à vous! Les hommes ne sont pas légions sur cette page!

Ensuite, bravo pour votre bon sens! Il n'est pas nécessaire d'avoir des problèmes de poids pour obsessionner sur les mauvais gras, les oméga 3, les antioxydants, le sel et cie... C'est même cette attitude saine qui vous permettra, entre autre, de conserver votre ligne sans efforts, j'en suis persuadée!

Vous vous traitez bien et je suis certaine que votre corps vous le rends bien!

Quelle tristesse de voir une nation ou la gastronomie fait partie de l'identité prendre lentement mais surement le chemin du light. J'adore la France et j'espère bien la retrouver aussi belle et délicieuse lorsque j'y retournerai pour voir mes beaux parents!

Bonne journée!

Vertige
xx

Anonyme a dit…

En effet, le "pays de la gastronomie" a l'air de perdre sa culture du goût.
Heureusement, celui-ci persiste dans des magasins de proximité où on peut trouver des "produits du terroir". Mais ceux-ci sont asphyxiés par les chaînes de restaurants dont les menus, inspirés des valeurs nationales, sentent trop souvent l'industrie.

En grande surface, il m'est arrivé de passer plusieurs minutes à chercher où trouver des yaourts ou de la crème fraîche non allégés. Pour faire une sauce agréable à manger, il faut pourtant de la matière grasse !

Avec ma copine (ma blonde, comme on dit de par chez vous, il me semble), nous adoptons finalement un comportement dont je ne connais pas trop la valeur : nous préférons nous priver de temps en temps des repas étudiants classiques. Nous nous faisons occasionnellement plaisir avec un repas moins abordable parce que de meilleure qualité, et il n'en reste pas une miette !

Vertige a dit…

Paul: Nous avons aussi au Québec un terroir fantastique qui malheureusement n'est pas assez apprécié parce que les producteurs ne veulent pas sacrifier le goût de leur fabuleux produits, dieu merci!

J'ai a la maison un fan fini de gâteau breton et de graisse de canard qui ne se gêne pas pour consommer sa passion tout en restant dans une forme parfaite. On a choisis de vivre près d'un endroit ou nous avons accès tous les jours a des produits frais qui viennent directement du producteur et de l'artisan et je trouve difficile de faire mon marché lorsque je dois me rendre dans ces grandes surfaces tellement remplies de boîtes de produits transformés qui, bien qu'allégés, manquent de goût et, je le pense, de vitamines, comparativement à ce qu'on trouve lorsqu'on ne recherche que la saveur au marché Jean-Talon avec ces terribles produits sans étiquette qui ne permettent pas de faire le décompte des calories...

Chaques fois que nous allons en France, nous emmenons le moins de choses possible dans nos valises pour rapporter avec nous un max de bons produits. Il ne faut pas que cette culture se perde! Ce serait un drame pour le patrimoine mondial et pour mes papilles!

La première fois que je suis entrée dans une petite fromagerie française, j'ai failli perdre connaissance devant la diversité des bons produits et les tout petits prix...

Bref, profitez bien de votre chance! Je repasserai probablement dans l'année pour la partager!

Vertige
xx