dimanche 6 avril 2008

Pensées du jour

Je suis une fine fourchette. C'est arrivé comme ça, sur le tard, au hasard, et l'anti régime (et la proximité du marché Jean-Talon!) me permet de vivre à fond ma passion gustative.

Cela me vient probablement de ma grand mère, avec qui j'ai passé une bonne partie de mon enfance. Je me souviens autant de l'amour et de l'attention qu'elle mettait dans sa cuisine que du goût de ses fameux roastbeef ou de son imbattable lasagne. Ma grand mère cuisine comme personne d'autre.

Chez ma maman, c'était autre chose. Ma mère, pourtant fille de ma grand mère, s'entendait mal avec ses chaudrons et ses cuillères de bois. Lorsqu'on se préparait un grand repas toutes les deux, c'était toujours un spaghetti avec de la sauce en boîte "bravo" dans lequel on ajoutait de la viande hachée. Elle ajoutait du chili broyé dans son assiette et moi, une tonne de parmesan Kraft cheap mais qui me semblait le meilleur au monde. Mais la majorité du temps, le souper était composé de toasts au caramel, d'oeufs battus avec du pain blanc ou de céréales à déjeuner, lorsque le repas se voulait nutritif. Plus tard, nous avons aussi eu notre lot de surgelés. Ce sont toutes des choses que je n'arrive plus à avaler aujourd'hui.

Ma mère, aujourd'hui, est anorexique.

Le reste de ma famille ne tient plus à se réunir pour manger ensemble. Je les vois tous, mais séparément. Ils m'invitent à manger et ça me touche.

Avez vous remarqué que toutes les grandes célébrations se jouent autour d'un repas somptueux? Partager la nourriture, c'est plus que manger.

Je crois que la routine du repas reflète un peu l'importance et l'amour qu'on se donne. C'est un temps d'arrêt qu'on se donne, pour soi, pour ceux qu'on aime, et cela veut dire beaucoup plus que l'acte de manger en tant que tel.

Qu'est ce qu'on choisit pour se nourrir? Qu'est ce qu'on donne aux autres versus à soi? Pourquoi est-ce que seul, on se donne des plats fade sur le bord du comptoir?

Moi je dis que la bouffe, c'est une histoire d'amour et de communication entre les gens. Il y a des souvenirs rattachés à l'abondance comme au manque. Mais c'est avec les autres qu'elle prends toute sa signification. On fait parfois de fausses associations, comme le chien de Pavlov, et on croit avoir l'amour, la présence ou autre chose avec la nourriture parce que ces sentiments y ont déjà été associés. Et si c'était les autres qui nous manquaient et qui créaient ce vide indéfinissable?

Je laisse l'hypothèse ouverte. La nourriture fait tellement partie de notre vie intime et de groupe qu'elle peut jouer tellement de rôles. Je crois de plus en plus que nos problèmes de nourriture ne font que refléter des obstacles intérieurs qu'on a tout intérêt à régler puisqu'ils nous bloquent aussi probablement dans d'autres aspects de notre vie.

Savoir manger, seule, avec les autres, partout, c'est aussi savoir vivre, et ça s'apprends.

2 commentaires:

La Souimi a dit…

Je crois que le vide dont tu parles n'est qu'une illusion créé par le fait qu'on nous programme toute notre vie à écouter les besoins des autres avant les nôtres. En ayant perdu contact avec notre Vrai Moi, avec nos vrais besoins, on croit devoir combler un vide. Mais il n'y a pas de vide lorsqu'on décide d'Être tout simplement, selon NOS besoins d'abord. Ça ne veut pas dire de renier les autres, mais plutôt de partager ce que l'on est. Les conflits avec la nourriture naissent, selon moi, de cette perte de contact avec l'intérieur. Mais quand l'intérieur est comblé, on n'a plus peur de manger. Que ce soit seul ou accompagné, il n'y a pas de conflit en dedans.
Oui, ça s'apprend, mais il faut en prendre le temps.
Bon dimanche!

Vertige a dit…

Ce que tu dis est bien vrai, Souimi.

Mais je parle aussi d'un autre vide, un sentiment d'inexistence et de manque de sens que je ressens parfois et qui m'a probablement mené à me gaver pour ne pas ressentir ce vide, ne pas me ressentir ou au contraire, me faire exister un peu.

Ma relation avec la bouffe a toujours été complexe alors quand on y ajoute en plus la notion de privation et de régime... Heureusement, plus jamais!

Bonne journée!

xx