jeudi 20 février 2014

L'acceptation de soi: un combat féministe.

Parlons gras: celui qu'on craint, celui qu'on déteste, celui qui nous fait disparaitre en société au fur et à mesure qu'il prends de l'importance.


On nous enseigne depuis l'enfance ce qu'on devrait être en tant que femme. Oh, ce n'est pas toujours explicite, et c'est bien la beauté des systèmes qui se perpétuent. Nos parents, souvent de leur mieux, reproduisent les modèles qu'ils ont intégré, pendant que la société en entier nous envahit de valeurs et d'images auxquelles on devrait se conformer, et peu importe si ces modèles sont souvent ceux de modèles à peine pubères auxquels peu de filles, même de cet âge, correspondent, qui en plus doivent être retouchés. Qui n'a pas rêvé au moins une fois de leur ressembler? Si on ne peut pas changer nos traits, on nous vend que c'est possible d'avoir leur minceur. J'aurais longtemps donné mon bras pour ça, et je me souviens d'avoir vu passer une statistique disant qu'une majorité de jeunes filles auraient préféré faire de même qu'être grosse. Sans y laisser nos bras, on y laisse trop souvent notre équilibre et un notre amour propre.

Si ces modèles ne changent pas, c'est qu'ils conviennent au système, mais aussi parce que les femmes ne se sont pas encore levées pour faire sauter cet engrenage.

Vendre de quoi aller vers l'inaccessible permet de vendre à l'infini. Vendre un modèle impossible permet aussi de garder les femmes soumises, insatisfaites et peu confiante en leur pouvoir. Le capitalisme et le patriarcat s'entendent bien pour nous garder effacées.

Il ne devrait pas être si révolutionnaire de réclamer pour chacunes et chacuns le droit de s'aimer comme elles/ils sont, et d'être respectés en tant que tel. Pourtant, ça l'est. Il est encore de bon ton de ridiculiser les gros, voire de se ridiculiser soi même, et fréquent que ces personnes soient traitées en sous-humains et résumées à des personnes qui mangent des chips en écoutant la télé, d'un ton dédaigneux. Elles devraient aussi se couvrir assez pour ne pas exposer le monde à leur infamie. Assez! En plus de réclamer de la diversité dans les modèles et la liberté d'en diverger, ne plus accepter de se détester, de se cacher ou de faire reposer sa valeur sur l'approbation des autres est un acte de revendication féministe en soi. 



Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas vouloir changer, pour soi, dans un acte d'amour, mais plutôt de donner parole à ce corps, le notre, qui ne sera pas berné par ce qu'on fait "pour sa santé", que ce soit en régimes restrictifs, en pilules amaigrissante, en exercices qui bouffent l'agenda et en exagération de toute sorte. On se tue à petit feu à vouloir devenir mince, et on se gâche le présent à se détester pour se donner la motivation d'y arriver. Je ne vous raconterai pas mes propres exagérations; je suis très forte là dedans. Je peux seulement vous dire que j'ai toujours prétexté la santé pour la mettant en péril, physiquement et mentalement, et que c'est aujourd'hui normalisé tant qu'on est pas visiblement très anorexique, anorexie qu'on dénonce mais qu'on placarde aussi sur toutes les affiches.

Quand on sait qu'entre 80 et 95% des régimes se solderont par une prise de poids plus grande et qu'on connait l'impact de ces variations de poids, quand on sait que les cellules graisseuses, même vides, ne disparaissent jamais et qu'elles envoient de puissant signaux hormonaux pour qu'on les remplisse, on comprends mieux l'hypocrisie du modèle qu'on nous propose. Les régimes ne marchent pas et font plus souvent qu'autrement grossir. Il faut descendre de l'illusion qu'il est possible d'avoir exactement le corps qu'on veut sans lui nuire ailleurs que dans l'acceptation de son poids génétique. Mais surtout, pourquoi ne pas questionner, pour commencer, le modèle?

Je ne suis pas de celles qui proposent que seules les grosses sont de vraies femmes ou sont vraiment belles ou désirables. Je crois seulement à la diversité, au respect et à la liberté d'être. Je crois par contre que toutes les femmes sont opprimées par le modèle unique qu'on leur propose, alors que la santé vient dans une multitude de format, telle que l'expose une science qui trouve rarement son chemin dans les médias, et que la maladie ne devrait pas être une source de honte pour celles qui en souffrent.

Femmes de tous formats, vous avez pleinement le droit de vous aimer comme vous êtes, maintenant, et on avance ensemble quand on refuse la tyrannie des modèles qui nous oppriment toutes, quoi qu'ils nous imposent d'être. Je suis pleinement consciente de la difficulté de se libérer du conditionnement perpétuel qui nourrit notre propre vision de la beauté et notre propre volonté à s'y conformer. Ça montre d'autant plus la nécessité de mener ce combat pour soi d'abord, mais aussi pour nos filles et pour tout le monde qui souffre de ces standards de beauté qui ne servent personne, sauf peut-être les poches ou la haine de certaines personnes.

2 commentaires:

mamapaleo a dit…

Bravo, super article... Non à la dictature de l'image!!

Jean a dit…

super article effectivement , ca me donne envie de m'inscrire en salle de sport Arcachon