mercredi 23 janvier 2008

On me torture

J'ai séché mon cours de lundi soir avec Ken en prétextant une maladie aigue. L'idée d'aller me comparer aux athlètes de ma classe en courrant jusqu'à ce que j'ai envie de me dégueuler les trippes pour savoir ma VO2max ne me disait rien. Je vais faire ça bien sagement, au gym, seule avec mon cardiofréquencemètre, en compétition avec nul autre que moi même.

Vous me direz que je n'avais qu'a me foutre des autres et je vous répondrai que vous avez bien raison mais que je n'ai pas assez de force mentale pour livrer des combats non nécessaires sans envie de le faire.

Mais la vie me puni pour m'empêcher de recommencer trop souvent et tomber dans le coté sombre de la force. Non, je ne suis pas vraiment tombée malade, personne n'est mort, aucune catastrophe naturelle ne s'est abattue sur mon appartement. C'est presque pire: je suis encore tombée, pauvre de moi, sur une coloc "artiste".

Ma nouvelle coloc "chante".

Enfin, c'est ce qu'elle affirme...

Au son de la chose, mes chats dressent les poils comme s'ils avaient vu Godzilla et se sauvent pendant que moi, je me retiens pour ne pas éclater de rire devant le sérieux de ma coloc qui se prends pour une cantatrice. C'est pas facile, je vous jure.

Voyez vous, elle chante comme ma grand-mère quand elle pratique pour sa chorale avec ce son trop aigu et snobinard qu'ont les soprano de chorales de garage. Et en plus, ce sont est mal affirmé et souvent faux. C'est une torture auditive et, si ça a au moins le mérite de dillater la rate, il ne fait pas rire même si l'envie de le faire fait monter la pression interne. Une chance que je ne suis pas cardiaque, ma vie serait en danger.

Mais bon, ce qui ne tue pas rends plus fort à ce qu'on dit.

Mais si ça ne me tue pas, ça affaiblira peut-être mes ovules.

Ces temps ci, je pense souvent à mes ovules, pas vous?

C'est que les utérus de mes amies se déclarent un après l'autre occuppés quand leurs appartements ne tremblent pas déjà sous les tirs de pleurs de poupons.

Et moi, luttant contre mes instincts, je continue d'utiliser le méchant latex et je continue de caliner des bébés sans arrêt tous les mercredi et tous les jeudis après-midi. Le reste du temps, mes profs me parlent de développement embryonnaire ou de la théorie d'attachement infantile, selon les cours. Quand il m'arrive de voir mes consoeurs pleines de marmaille, je les encourage à verbaliser leurs sentiments, espérant secrètement qu'elles me disent que la maternité est une plaie. Pour mon plus grand malheur, je suis entourée de mamans gaga de leurs rejetons, les dits rejetons étants tout à fait adorables et me gratifiants toujours de leur plus beau maudits sourrires. Ah que j'adooore ces petites choses sans manières ni vocabulaires et le pire, c'est que je les aime toujours quand ils grandissent.

Je vais aller prendre un grand verre d'eau et attendre que ça passe. Et vous, allez donc embrasser votre progéniture si elle est encore en age de se laisser faire!

dimanche 20 janvier 2008

Spinning

Non, je ne chiale pas toujours.

La preuve, c'est qu'hier, je me suis rendue au gym ou je suis abonnée pour faire une séance de spinning. Et j'ai adoré.

J'en ai sué un coup. Tellement que sur la fin, j'ai eu mal au coeur, probablement le résultat d'avoir un peu tôt puisé dans mon système anaérobie. Mais on se laisse vite entrainer avec de la bonne musique. Je pouvais fermer les yeux et me sentir sur une bonne montée dans un paysage bucolique, en grande cycliste, ma mèche de cheveux trempée dans les yeux pour le prouver. Ça défoule et ça calme.

Le prof était excellent. Un gentil monsieur énergique avec un superbe sourrire qui félicitait constemment les gens pour leurs efforts et qui encourageait ceux qui se sentaient trop fatigués à ralentir un peu la cadence, ce qui avait pour effet que chacun était content d'être là.

J'y retournerai.

C'est autre chose que de faire de l'exercice pour le bien être immédiat, sans attendre la confirmation de la balance pour être contente ou pas, sans rêver à ces jours lointain ou je serai mince et tonique et voir l'exercice comme une tâche obligatoire pour arriver à ce corps lointain. J'ai besoin de prendre le temps de bouger pour contrôler ce stress omniprésent que je ressent souvent dans mon estomac et dans ma gorge, justement les endroits ou je devrais ressentir la faim. Ça fait partie de cette démarche de bien-être global de ma vision de l'anti-régime: être bien d'abord, mieux globalement, connectée à ses besoins, dans le présent. Vivre plus!

jeudi 17 janvier 2008

Lubies hormonales

Il y a une bonne faim qui me tarraude l'estomac. J'attends le retour d'O. pour savoir si je fais grésiller les steaks que je viens d'acheter ou si on s'en va .

J'aurais dû étudier ma neurobiologie aujourd'hui pendant mes heures tranquilles à la ligne d'écoute mais il y avait d'adorable bébés à la halte garderie et je n'ai pas résisté à l'envie de jouer avec l'adorable petite Victoria tout l'après-midi. Avec ses 6 mois, ses grosses joues roses et ses éclats de rire, elle est aussi adorable que mes petits du mercredi. Mes plus jeunes ont quelques semaines et mon plus grand à 14 mois. Ils sont tous adorable. Tous. C'est une conspiration.

Je veux des bébés. C'est une envie qui me travaille depuis des années mais ça prends des proportions démesurées. Je veux des bébés encore plus que je voulais un chien à 6 ans et ça, croyez moi, c'était une grosse envie.

Ai-je déjà dit que ce blog est un exutoire? Je le redis...

Donc aujourd'hui, je n'ai pas étudié. J'ai par contre fait de l'exercice et c'était assez amusant pour me donner envie de recommencer souvent. La liberté totale, dans mon salon, avec de la bonne musique, les cheveux n'importe comment et une tenue que je n'aurais jamais osé porter en public ou devant un être vivant quelconque.

Qui a dit qu'on ne pouvait pas se faire un programme efficace à la maison? Ceux qui vendent des abonnements au gym probablement. J'ai tout ce qu'il faut ici pour une bonne séance de muscu et tout ce qu'il faut autour pour une bonne séance de cardio. Pas de perte de temps pour le trajet, pas d'attentes pour les machines, pas de gros musclés qui font des sons obsènes en forcant au bench press, pas de pitounes en camisoles courtes (autre que moi...) et tous mes petits produits à portée de main dans ma douche sans poils mouillés dégoutants partout. Et même quand c'est propre, les douches, j'ai trop de souvenir de la façon dont nous lavions les toilettes à la Ronde pour qu'elles PARAISSENT propres pour ne pas avoir envie de hurler de dégoût lorsque mon corps touche au rideau de ces usines à verrues plantaires.

D'ailleurs, les entraînements les plus en vogue ces temps ci et les plus utiles pour améliorer les capacités de nos petits corps au quotidien se font sans machine, en superset. Mais la mode, je m'en fou. Le gym, c'est out pour moi, jusqu'a ce que j'ai envie d'y retourner à nouveau, ce qui arrivera probablement un moment donné. Je ne me tappe pas les cours de Ken pour ne pas arriver à me monter moi même un bon programme qui me donne envie. Et exit les entraineurs, ça, plus jamais.

Demain, j'ai un autre rendez vous avec mon corps, en tête à tête.

mercredi 16 janvier 2008

Gym

J'ai décidé de retourner m'entraîner.

J'ai un doux souvenir des jours ou j'étais en pleine forme.

Un doux souvenir et aussi une nausée montante.
J'étais au gym si souvent que je me souviens de l'odeur de peinture dans le portique plus que de celle des lasagnes de ma grand mère.
Mon entraineur était autant dans ma vie que mon amoureux. Et jamais satisfait.
A bien y penser, c'était un calvaire.

Mais il y avait cette énergie des jours ou je m'étais dépensée au matin. Cette satisfaction. Cette sensation d'habiter ma peau.

Pensez vous qu'il est possible de se déprogrammer complètement et d'arriver enfin à associer sport avec plaisir sans tomber dans le coté malsain de la chose? Est-ce possible de ne pas devenir fanatique dans des cours d'aérobie menés par la reine impériale et militaire des fanatiques extrêmes?

Il me vient une idée géniale: matcher la folle qui nous gueule dessus dans les cours de step avec Ken et leur payer un aller simple pour leur voyage de noces.

Demain matin, je vais au gym. Pas pour être super belle dans le futur. Juste parce qu ça me fera du bien dans l'instant.

Reste juste à voir si j'arriverai à me lever...

mardi 15 janvier 2008

Ça existe pour vrai

Ken: "Lorsqu'on est en surpoids ou obèse, on a pas de muscles pour tenir ses viscères et sa colonne, on est en mauvaise forme physique et on va avoir des maladies hypokinétiques. Vous allez être surpris si vous êtes de ceux là mais il y en a ici dans cette classe qui sont en surpoids."

Moi: "Eh merde, moi qui pensais que j'étais trop maigre. Il fait bien, Ken, de nous assener quelques vérités parce que pour le reste, tout le monde sait bien qu'il est impossible d'avoir des muscles sous sa couche de graisse et d'être actif tout en ayant un surplus de poids, d'avoir une bonne tension artérielle ou de ne pas être en mode pré mortuaire..."

Un peu plus tard...

Ken, affichant un air mi surpris, mi scandalisé dans sa chemise rose trop petite pour mieux mouler ses pecs, au milieu d'un exposé redondant sur les gros ventres: "Des IMC de 40, imaginez, ça existe pour vrai!!!!"

Moi, affichant un air totallement désinteressé pour tant de connerie et bien callée dans ma chaise, me parlant dans ma tête sans pouvoir réfrêner un sourrire narquois: "Nooooon! Et un prof d'université aussi nul, ça existe pour vrai!!!!"


Oui... Ça existe pour vrai.

samedi 12 janvier 2008

Zen

Au fil du temps, j'apprends que calme et détachement peuvent être le lit de la vie, qu'ils ne sont pas synonyme d'inertie mais tout au contraire, un dépassement continuel de soi.

A quoi bon soulever les montagnes quand il est si simple de passer par dessus? disait Boris Vian...

A trop se centrer sur un problème, sur la lutte, on oublie parfois la plus simple des solutions: passer outre, continuer et vivre simplement. Focusser sur un problème qu'on croit avoir ne le règle pas. Pleurer sur son sort non plus. Mais le renier n'est pas non plus une solution. Pour continuer, il faut accepter les faits, la douleur, les pertes, la peine... puis relever la tête sur tout ce qui n'est pas ça, sur tout ce qui est beau, sur tout ce qui continue.

mercredi 9 janvier 2008

Relativité

Depuis quelques jours, je me creuse la tête à me demander qu'est ce qui peut bien faire que je n'ai plus envie d'écouter mon corps.

Ce soir, ça va mieux et partant de ça, je peux me dire que ce qui a changé dans mon état d'esprit est probablement la cause de mes déboires.

Aujourd'hui, j'ai pris le temps de me mettre belle. Pas que j'en avais particulièrement envie, mais il le fallait. J'ai pris le reste de ma journée après mon rendez vous pour aller faire les fripes. J'ai trouvé pleins de trucs qui m'allaient pour des prix ridicules, heureusement parce que ce sont les seuls que mon budget peut tolérer.

Je me suis sentie belle. Je me suis mis dans un état d'esprit propice à l'amour de soi. C'est la base, le point de départ de tout comme c'est un but en soi. Lorsque je ne m'aime pas, il m'est impossible d'être connectée avec ce moi étranger que je méprise et il m'est impossible de vouloir me faire du bien. C'est ce qui a manqué ces derniers jours: le self love...

Étrangement, alors que j'étais perdue dans mes pensées, la tête dans un rayon de chandails, j'ai été surprise par une vieille dame qui cherchais elle aussi les aubaines. Elle tendait dans ma direction une blouse horrible en disant: "Regarde c'te belle blouse! Je l'achèterais bien, moi, mais elle est trop petite. Elle te ferais bien à toi, tu es mince." Je me suis donc retournée pour regarder à qui elle parlait: personne.

J'ai donc avalé ma gomme tout rond, surprise, et lui ai répondu sans vraiment regarder la blouse que ça n'était surement pas ma taille. Après tout, je ne suis pas mince, non? Les vieilles ont parfois de la difficulté avec leurs yeux.

Mais la blouse était bien à ma taille et j'ai du la mettre dans mon panier en remerciant de tout mon coeur pour faire plaisir a cette grand mère satisfaite de m'avoir trouvé un si joli morceau. Si cette blouse ne m'avait pas donné l'air d'un clown mortuaire, je l'aurais probablement achetée mais j'ai préféré errer dans le magasin jusqu'a ce que la dame parte pour enfin me débarrasser de son infame trouvaille.

La grosseur, la beauté et le reste, c'est relatif. Il y aura toujours des gens plus beaux et toujours des gens qui ne nous trouveront pas à leur goût et ce, même si nous étions toutes des Claudia Shieffer.

Les gens qui ont tout pour eux, ce sont ceux qui s'aiment, peu importe à quoi ils ressemblent. Si en prime on a quelqun qui nous aime et nous trouve belle, on a plus de chance que plein de superbes filles que je connais mais qui ne sont jamais assez parfaite au goût de leur chum.

J'ai toujours de la difficulté à le croire mais mon amoureux, il me trouve belle tout le temps. C'est du moins ce qu'il dit et je crois a ses exagérations. A l'entendre, il me trouve ravissante même quand je me réveille le matin avec la trace d'oreiller dans la face, les crottes au coin des yeux, les cheveux scrapés par un coiffeur débile, sales en prime et pleins de noeuds avec le teint d'un lendemain de nuit de gastro.

Je préfère encore être moi, imparfaite mais avec cette chance que d'être la plus belle des filles.

Sur ce, mon corps me réclame de la viande ce soir après ces jours de Pringles et de chocolat. Je retourne dans ma cuisine.

mardi 8 janvier 2008

Cécité

Cher exutoire,

Depuis la reprise des cours remplie de stress et de belles filles plus jeunes et belles que moi et ponctuée de cette rencontre inoubliable avec Ken, la barbie folle en moi s'est réveillée. Je dois t'avouer, petit jounal numérique, que je me suis laissée allée à avoir honte de moi même, que j'ai pris toutes les occasions qui se présentaient à moi pour me peser et que pour dissiper ce malaise diffus et persistant, j'ai mangé même au delà de la nausée jusqu'à en avoir de la difficulté à respirer. J'ai retrouvé pendant quelques instants l'obsédée et la maniaque du gras qui se cache toujours dans un racoins de ma tête. Si Ken m'a tellement bousculé, c'est qu'il porte au front la même obsession que j'ai au coeur, la même folie: s'entraîner au delà de soi, manger comme un saint pour se battre contre la mort et contre la vie, pour ne pas être ordinaire, pour exister.

Je voudrais pouvoir dire que je me sens belle malgré tout ce soir mais je ne peux pas. Il y a un trou dans mon identité. Je ne sais pas si je suis grosse ou pas, belle ou pas, comme si mes yeux n'arrivaient pas à me voir. Certains jours, je m'entends, mais je me vois rarement. Ce soir, je suis sourde et aveugle. Il faudrait inventer des sons et des images.
Autant aller dormir.

Le sport, c'est du sport

Les mots de Plastique Ken et le commentaire de Suzie m'ont fait réfléchir sur les bases de mon haïssage viscéral du sport.

Moi aussi, je suis plus habile a faire des acrobatie avec mon cerveau qu'en coordination de base de mes pieds. C'est comme ça, je ne peux rien y faire. Je serai toujours de celles qui trouveront involontairement les positions les plus artistiques et douloureuse en ski et qui manquent de grâce au tennis. Mais petite, j'aimais bouger et courrir même si les livres et leur belles images m'attiraient beaucoup. J'aimais jouer avec les autres. Comment ais-je donc pu devenir cette enfant qui aurait tout fait pour un billet du médecin me dispensant de ce que je perçevais comme une humiliation publique?

Quelle sont les valeur qu'on transmet aux enfants dans les cours d'éduc? Celles de se respecter, de se sentir bien dans son corps, de collaborer et de comprendre les autres? Je ne sais pas pour vous mais dans mon patelin, le prof d'éduc avec ses longs cheveux sales était bien davantage axé sur la victoire, sur le défoulement, sur la compétition, sur le dépassement de soi. Ce sont de belles valeur mais on ne les met pas de l'avant lorsqu'on enseignee les math pour que ceux qui ont moins de facilité ne se sentent pas à part. Pourtant lorsqu'il sagit de sport, combien de prof d'éduc laissent encore 2 élèves choisir un à un les membres de leur équipe jusqu'a ce qu'il ne reste à la fin que ceux qui seront bien visiblement étiquettés comme indésirables dans l'équipe?!?

Chez nous, les examens d'éduc se faisaient devant tout le monde. Je craignais bien davantage les regards que la note. Dans les sports d'équipe, après avoir souvent été choisis la dernière, je nuisais à mon équipe et on me le faisait clairement savoir. Si on avait pris le temps de m'expliquer et d'expliquer aux autres que j'étais et suis toujours incapable de voir en 3D, peut-être aurait-on compris que je n'attrappe pas toujours le ballon parce que c'est biologiquement plus difficile pour moi de savoir ou il est.

On devrait penser aux enfants moins doués lorsqu'on élabore le contenu des cours d'éducation physique. Même à l'âge adulte, on traîne avec nous l'idée, fausse, que le sport soit réservé à ceux qui y excellent. Pourtant, la forme physique est une qualité bien personelle et c'est face à soi qu'on devrait chercher à s'améliorer. Augmenter le nombre de cours d'éducation physique sans en changer le fond ne réglera pas le "problème d'obésité infantile". On ne donne pas a des enfants l'amour de bouger pour se sentir bien dans son corps en le blessant dans son égo en construction.

Parlant de sport, je pars en courrant rattrapper mon bus. Je suis encore en bonne position pour arriver en retard à mon cours...

lundi 7 janvier 2008

Ken and me

Le sport le plus difficile est sans aucun doute celui d'endurer ces petits sportifs grossophobes cons qui ne manquent pas partout ou on reproche aux gros de ne pas être.

J'en ai rencontré sur les pistes de ski de fond du parc de la Gaspésie: un collègue de mon O., champion d'escalade et fan de plein air, qu'on retrouvais par le plus mauvais des hasard au gîte du Mont Albert et qui, pour soulager mon muscle endolori de fille pas douée qui s'est plantée en pleine face dans une descente raide, suggérait qu'on laisse traîner de la bouffe pour me motiver à suivre plutôt que de me reposer. Si seulement j'avais eu le plein usage de mon pied, je lui aurait bien montré, moi, que j'ai de la vigueur pour ma grandeur!

J'en ai rencontré un autre ce soir. Un vrai et un total. Vous l'avez sans doute déjà vu à la télé. Il vient souvent donner son opinion de grand expert de la forme à des émissions bien connues, il entraîne nos grandes vedettes locales et écrit des livres d'exercices à temps perdu. Pour le plus grand malheur de mes oreilles, j'ai appris ce soir qu'il enseigne dans une université montréalaise et qu'il a moins de sens du pollitically correct lorsqu'il se trouve devant un public composé de 98% de mince. (Nous sommes une cinquantaine, devinez qui vient faire fléchir la statistique?)

Je l'appelerai Ken.

Ken, qui doit nous enseigner les bases de la science de l'activité physique, a plutôt passé ce soir ses 3 heures à épandre subtilement ses convictions anti-gras et son dégoût de ceux qui en portent trop à une classe d'obsédés de la chose en prenant tous les prétextes possibles.

Croyez vous qu'un prof qui fait une fixation sur l'horreur de cette épidémie d'embonpoint en parlant de "ces enfants qui vont coûter une fortune à la société parce qu'ils font tout pour tuer leur pancréas en restant étendus à manger du McDo en regardant la télé comme leurs parents obèses", qui souligne a un étudiant qu'il est "bien puisqu'il n'est pas gros" ou qui met dédaigneusement plusieurs photo peu respectueuses de personnes obèses dans ses notes de cours sans que le contexte l'exige mérite une plainte au comité de déontologie de l'université? Je me tâte...

Ken nous emmenera aussi nous faire pincer la graisse en groupe par une gang de futurs kinésiologues en mal de cobayes qui en profiteront pour mesurer tous nos paramètres physiques. J'me peux plus d'attendre ce moment, cette surprise.

J'exagère peut-être. J'ai probablement tord de me sentir visée par sa lutte anti-gras et pourtant, je suis revenue à la maison les larmes dans le coin de l'oeil comme si on m'avait personellement attaquée toute la soirée. Et de penser que je devrai lutter pendant 15 semaines pour me préserver de cette influence plastique satanique, je déprime.

Le stéréotype du gros paresseux qui mange devant la télé, je peux plus l'entendre. Et d'avoir devant les yeux un prof qui a des bobettes de plastique au lieu d'avoir de vraies couilles en affirmant que 95% des gens reprennent tout le poids perdu et plus encore sans se demander le rôle qu'il a a voir dans cet état de fait en tant que professionnel et en blâmant bêtement la volonté de ses clients, ça me rends triste autant que ça me fout en rogne.
Parce que perdre du poids, c'est facile, qu'il dit...

Si tu savais, Ken... Si j'en croyais le regard que tu jettes sur le corps de celles qui me ressemblent, j'aurais si honte que je deviendrais comme celles que tu juges parce qu'elles n'osent plus bouger dans leurs corps que tout le monde se permet de regarder parce qu'il pourrait coûter un jour au contribuable. (Et ça, c'est discutable)

Au final, je n'ai pas honte, homme de plastique. Je trouve seulement dommage que ton discours sente le sacrifice plus que la vie car je sais que rien ne change ni ne pousse dans ces conditions. Tu continuera à récolter ton 95% d'échecs et tes quelques déséquilibrés. Et si l'activité physique servait d'abord à se connecter sur soi, puis à être plus soi au lieu de chercher à devenir toujours plus comme les autres? Et si t'étais vraiment un grand entraîneur en osant autre chose que l'air sale du temps?

Je vais me coucher, Ken. Tu m'as trop tappé sur les nerfs et j'en perds mon créole.