jeudi 22 mai 2008

Du sang, du sang!

Il y a des jours ou il vaudrait mieux ne pas se lever. Hier en était un.

En me levant, j'ai réalisé qu'a force de remettre le moment de faire mon lavage, je n'avais plus de bobettes propres et que, comme il me fallait voir mon gynéco dans moins de temps qu'il me fallait pour m'y rendre, je n'avais pas le temps d'en laver. Evidemment, pas question de me présenter la bas en fesses sous ma robe. Je suis certaine que c'est ce moment là qu'un 10 roues choisirait pour me frapper et je vois déjà la couverture du Allo Police en lettres énormes avec ma photo en dessous: "Elle n'avait pas de culottes...". Alors j'ai courru a la pharmacie me mettre en retard, puis je suis allée chez mon gynéco armée de mes nouvelles culottes fleuries atrocement laides, les seules qui sont vendues à mon Jean-Coutu local...

Moi, je voulais juste lui parler, au gynéco, pas qu'il aille voir sous tout en dessous était joli, puisqu'évidemment, pour faire la totale d'une journée merdique, mes règles s'étaient pointées à l'improviste la veille.

Mais il a voulu voir. C'est fou comme les gynécos tiennent à être chiant jusqu'au bout. Je ne venais pas pour ça. Mais comme j'étais prête, propre et culottée, je n'ai protesté que faiblement: "Ben doc, c'est que j'ai mes règles et que ma DivaCup va vous empêcher de faire votre examen... Vous voulez que j'aille l'enlever?"

-"Pas de problème", qu'il m'a répondu, l'air de dire de ne pas lui faire perdre son temps, "couchez vous là, mettez vos pieds dans les étriers, je ne fais qu'un examen partiel".

J'ai pris pour acquis qu'il savait ce qu'était une DivaCup. Je n'aurais pas dû. Sans même prendre le temps de regarder, monsieur le docteur a provoqué avec son speculum une trainée de sang sur toute la table d'examen. J'ai eu une soudaine envie de disparaître. Et de le tuer.

Et ces envies n'ont fait que décupler lorsqu'il m'a proposé d'enlever en live sur la table devant ses yeux surpris d'enlever "ce truc". J'ai préféré me rendre à la salle de bain pour faire disparaitre le rouge de mes cuisses et de mon visage, en me demandant si mon médecin a des goûts déviants... Lorsque je suis revenue, il me proposait de m'étendre sur la scène du carnage sans même changer le papier témoin de ces atrocités sanglantes. Je l'ai fait moi même, il a fini son examen, m'a permis de me rhabiller, m'a fait asseoir dans son bureau, m'a annoncé que je vais devoir aller dans une clinique de fertilité pour penser pouvoir tomber enceinte, m'a référé puis m'a remerciée. Fin de l'acte un.

Il me fallait ensuite aller chercher ma mère à l'aéroport. C'est comme aller ceuillir à la gare une personne agée souffrant de perte d'autonomie et d'alzheimer sauf que ma mère, elle a théoriquement toutes ses facultés et qu'elle a 45 ans. Si j'arrive une minute en retard, c'est assurément la panique, voire les larmes et l'armée canadienne en renfort. Heureusement, je suis arrivée à temps pour lui montrer comment on prends l'autobus jusqu'au centre ville, pour réserver sa voiture de location, pour commander son repas au restaurant, etc... Il y a des jours ou on a juste pas envie d'encourager sa mère, encore, à prendre son autonomie et à agir toute seule, alors on fait tout à sa place puisque c'est moins long. J'aime encore mieux être la mère de ma mère que sa T.S. Fin de l'acte deux.

Nous sommes ensuite allés, ma mère, mon chum et moi, en voiture direction Lanaudière pour aller voir mon frère et porter ma mère. Après avoir bien expliqué à ma petite fille de mère ce qu'il fallait quelle évite de faire avec mon frère et le reste de la famille et après l'avoir rassurée que je continuais à m'occupper de tout et que si le médecin veut lui parler, elle n'a qu'a lui dire de m'appeler, après l'avoir écouté avec empathie et psychologie et avoir calmé ses craintes et ses angoisses, après lui avoir donné des herbes pour qu'elle se calme, j'ai délibérément décidé de mettre de la bonne musique assez forte pour qu'on ne puisse pas s'entendre dans la voiture. J'aime la musique.

Nous sommes enfins arrivés à l'hopital. Nous n'avons pas pu voir mon frère. Il était si mal hier qu'ils ont du le mettre dans la salle d'isolement et lui donner de quoi l'assommer. Il a dormi le reste de la journée. Heureusement, m'a mère ne semble pas avoir tout a fait compris l'intensité de ce que m'expliquait l'infirmier parce que déjà, elle était à ramasser à la petite cuillère. Et je l'ai ramassée, evidemment, en retenant mon envie de lui dire que tout ça est un peu de sa faute et que moi, j'en ai marre d'eux tous. Au moins, la colère me permet un certain détachement...

Nous avons laissé ma mère avec ses amies de meeting anonyme et, comme nous étions dans la région, nous sommes passés voir mes grands-parents, pour s'assurer que mon grand-père tient le coup devant la dépression de ma grand mère qui ne dort plus et ne fait plus rien (et ils ne savent rien de ce qui arrive à mon frère...).

Fin de la journée.
___________________

Aujourd'hui, j'ai fait très attention à mettre mon pied droit en premier sur le sol. On dit que les mauvaises journées démarrent du pied gauche... Mais mon pied droit n'est pas coopératif. Dans un mouvement de totale atonie musculaire, je me le suis foulé en glissant sur mes nouvelles bobettes Jean-Coutu.

Il fallait quand même aller au travail. Je me suis donc rendue en boîtant au marché. Il y a eu la bas une erreur d'horraire et je n'ai pas eu envie de m'obstiner avec mon collègue pour savoir qui allait rester. Je suis donc de retour à la maison. C'est un mal pour un bien: je vais pouvoir faire mon lavage, finir mes impôts et les tas de papiers requis pour les assurances de mon frère et brûler mes bobettes Jean-Coutu, entre autre. Que du plaisir...

Au moins, y'a Benabar qui comprends mon humeur sarcastique:

"La larme à l'oeil en automne
parce qu'elles sont mortes les feuilles,
alors qu'j'les connaissais à peine,
elles étaient même pas d'ma famille.
Ce n'est pas par désespoir,
il faudrait vaille que vaille
souffrir du matin au soir,
c'est beaucoup trop de travail.

Ça ira mieux demain,
du moins je l'espère,
parce que c'est déjà
ce que je me suis dit hier."


Ça ira mieux demain
du moins, je l'espère
parce que demain
les beaux parents débarquent...

5 commentaires:

Miss Patata a dit…

Ayayaye! Quelle histoire! Pas fort le doc! Ouf! :)

Mais le diva cup, quelle source incroyable de moments loufoques hein? Je me rappelle encore la première fois que je l'ai introduit, et le moment ou j'ai dû l'enlever....

Hum!

Unknown a dit…

J'avoue que j'ai aussi eu mon lot d'anecdote avec la DivaCup... Mon chum s'est même rincé les dents avec une fois, ignorant a quoi ça servait et pourquoi ce joli petit truc trainait à coté du lavabo...

Mais il faut que je le dise haut et fort, pour toutes celles qui n'ont pas fait la transition: ce bidule, c'est extraordinaire!

Fini les fuites, les poubelles pleines qui puent, le syndrome de la couche, les tampons qu'on enduit de produits chimique (et le petit cordon qui dépasse, on en fait quoi quand on pisse dessus???), les dépenses et les voyages a la pharmacie, les moments ou vous devez user de votre imagination parce que ça coule et que vous n'êtes pas allé à la pharmacie, etc...

Ça ne fuit jamais, c'est écologique, propre et on peut le porter jusqu'a 12 heures sans problème!!! Le seul danger: l'oublier...

Et pour les amateurs de plein air et de voyages, c'est tout petit à emporter et ça vous permet de ne pas trainer vos vieilles affaires jusqu'a la prochaine poubelle, parfois loin, et de bouger sans vous préoccupper du reste.

Une véritable révolution. Je suis maintenant plus incommodée par les règles de ma coloc (une archaïque à serviette et à tampons) que par les miennes...

Mes amies le mettent la veille du jour prévu de leur règles. Je les ai presque toutes contaminées de mon enthousiasme.

Voilà qu'on brise un autre tabou: parler de menstruations... :o)

Bonne journée!

xx

Anonyme a dit…

Allô!

Quel docteur pas brillant!
Et ça se permet, sur la base d'un examen "partiel", en plein moment où tu as tes règles, de poser un diagnostic d'infertilité... Avant de conclure à ça, je te conseille d'aller chercher d'autres avis...

Désolée pour ton frère. J'espère que ça va s'améliorer.

Amicalement,
Suzie.

Sablogine a dit…

Ce que je trouve "marrant" c'est ta réaction : tu t'es sentie gênée.

A aucun moment je lis que tu as pu imaginé la gêne du médecin.
Imagine la.
Rien que d'y penser je suis morte de rire.

Je l'imagine se dire "boudiou mon pauvre t'est naze commme gynéco tu ne sais même pas ce qu'est une diva cup. Tain il faut vraiment que je fasse des recherches sur le net moi"

;)

Anonyme a dit…

Hey ! quelle aventure ton histoire avec le gynéco, il n'était visiblement pas doué, et en cas de doute sur ce que tu portais, il aurait pu te demander des explications ! Moi aussi j'utilise une diva cup (enfin, c'est une mooncup, mais ça revient au même) et j'avoue que je trouve ça bien... mais hélas, dans mon cas, avec des règles abondantes, il faut souvent vidanger (joli, n'est-ce pas ?), et je ne suis pas très tranquille vis à vis des fuites, vu que ça m'est déjà arrivé plusieurs fois (sans doute du fait que ça arrivait à saturation, pour ne rien manquer des détails ;-)) Sinon, je te remercie pour ton petit mon sur mon blog, à propos de mon bouquin ! je ne sais pas s'il sortira au Québec, ce n'est sans doute pas un bouquin suffisamment "important" pour cela, mais on peut aussi commander sur internet il me semble (certes, les sites sont français, même si je ne suis pas allée vérifier ailleurs). Si jamais tu avais l'occasion de le lire, ça me ferait plaisir d'avoir ton avis, en tout cas je n'y parle que de choses qui te sont familières, puisqu'il s'agit de vivre "sans régime" ;-) à bientôt