jeudi 23 octobre 2008

Les maux, les mots

Mon corps est une merveilleuse machine. Je l’admire même dans ses maux physiques parce que j’ai tristement conscience qu’il défendent mon équilibre mental.

Je suis une scientifique, une adepte des données probantes, mais je crois aussi à l’intuition et au ressenti, inchiffrables.

La vie m’étouffe depuis quelques temps. A force de prendre le monde sur mes épaules sans m’en sentir la force, je me suis mise à faire de l’asthme et à développer des allergies simultanément, d’un coup, sans raisons physiologiques ou changement d’environnement.

J’ai l’impression de manquer d’air, spirituellement, psychologiquement mais aussi physiquement. Mes bronches se ferment et mon système immunitaire est en mode hyperactivé, prêt à livrer bataille à tout et n’importe quoi. Je suis autant sur mes gardes de lui, prête à me battre. On ne pourra jamais prouver que c’est lié et pourtant, je le sens et le sais.

Et mon poids qui stagne? Je suis en pleine ambivalence entre l’envie de me cacher du monde et celle de me faire entendre. Quoi de mieux qu’une armure de gras pour cacher sa nature tout en étant bien vue?

Il y a des histoires dont j’ai honte et pourtant, j’ai envie qu’elles soient entendues et reçues. Je trouve souvent difficile de me sentir profondément différente. Devrait on avoir honte d’être entouré de gens difficiles, d’avoir une histoire pas commune? Tellement pas, mais l’incompréhension fait qu’on en parle pas, comme si c’était secret. Avoir un secret indisable, c’est ce pas ça la honte?

Je viens de parler avec l’intervenant de mon petit frère. Je n’avais pas besoin de résultats de test pour savoir qu’il a un léger retard mental. Avec sa schizophrénie, sa toxicomanie et son caractère, difficile de voir comment il pourra jouir de son autonomie. Difficile de voir le jour ou je pourrais avoir la paix ou entrevoir un peu de réciprocité et je me sens mal de le penser.

L’empowerment, c’est carrément une utopie avec cette famille de fou. Je voudrais les voir forts, heureux et indépendants et prendre de leur nouvelles de temps en temps. Et s’ils pouvaient accessoirement m’aimer sainement, wow, j’ose même pas y penser. Ce qui est lourd, c’est de devoir être là, de devoir donner en prenant sur ce que je n’ai pas reçu d’eux et de comprendre que je n’y gagne rien, que si je n’avait pas de conscience et d’empathie, il n’y aurait aucune passerelle entre ma vie et la leur et que ça me ferait un bien fou.

Je dois réussir à être là et à donner sereinement seulement ce que je peux, à arriver à mettre des mur entre la partie de moi que je leur donne et ce que je suis. En l’écrivant, ça me semble particulièrement débile.

Allez, allons manger des sushis avec les filles de mes cours en faisant comme si j’avais passé l’après midi du siècle. On a parfois le choix entre mentir aux autres ou à soi ou être authentique et décalée. Quoi qu’on en dise, oublier et passer à autre chose, c’est franchement pratique. Je choisis d’être décalée en souhaitant avoir tout oublié de mon humeur d’ici une heure. Ça marchera, ça marche toujours...

J'aimerais être là, dans un paysage compréhensif de mon univers intérieur du jour.

1 commentaire:

La Souimi a dit…

Je sais.... Je sais.... Je ne t'ai pas rencontrée pour rien...
Nous allons nous revoir. Nous avons tant à se dire...

Le problème avec des Vertige et des Souimi, c'est que ça implose. Totalement. On s'en reparlera. Chez Juliette et Chocolat....