J'ai quand même bien apprécié le cour de la prof et j'imagine que je dois m'attendre dans cette introduction classique à la nutrition d'avoir la vision classique de la nutrition.
Le cours a commencé sur la définition d'anorexie, de boulimie et de troubles alimentaires autres, comme des comportements de régimes continuels, de vomissements occasionnels, de semi famine, d'obsession de la nourriture qui ne peuvent être classés dans l'anorexie ou la boulimie mais qui peuvent être une voie de développement de ces troubles. Selon les statistiques disponibles, 9% de la population aurait une anorexie déclarée (comme elle n'a pas parlé des statistiques de boulimie, je ne sais pas si ce chiffre la comprend aussi) et 25% des troubles alimentaires autres. La prof trouvait ces derniers chiffres un peu exagéré, mais ils ne me semblent pas si élevés que ça...
Elle accusait pour cela notre obsession de la minceur et du corps parfait. Je ne vais pas la contredire là dessus, mais j'avais l'impression à l'entendre parler que seules les femmes très maigres étaient obsédées par la minceur et que quelqu'un prenant des mesures démesurées pour garder un IMC dit santé ou le ramener à ce poids santé n'a pas une obsession trop extrême. Pour moi, cet obsession de l'amaigrissement est extrêmement généralisé. Je vous rappelle quelques chiffres d'une récente enquête menée auprès des Canadiennes (en bas de page finalement puisque Blogger n'est pas coopératif pour la mise en page)
Pour moi, l'obsession non seulement de la minceur mais d'entrer dans le bas seuil de son poids santé calculé avec le discutable IMC (il y a des références à ça ailleurs sur ce blog) participe à cette obsession généralisée et entretenue par la communauté médicale. Et le problème de cette obsession, c'est que les solutions qu'on propose empirent le problème de surpoids et l'obsession...
Je devais m'attendre à entendre parler du guide alimentaire canadien, c'est tout de même un cour de nutrition. Au risque de passer pour une extrémiste finie, je n'aime pas du tout ce gentil petit guide en arc en ciel même si je comprends l'idée qu'il y a derrière. L'intention n'est pas mauvaise et pourtant, je crois que c'est un outil nuisible au sein d'une population obsédée et qui grossit sans cesse.
Pour affirmer cela, c'est qu'à la base, je ne crois plus que les gens grossissent parce qu'ils manquent d'informations sur l'alimentation ou qu'ils ne savent pas faire les bons choix. Je crois justement qu'on grossit collectivement parce qu'on est conditionnés à écouter des voix extérieures à nous même (pubs, portions typiques, ce que mangent les autres, heures du jour et même nutritionnistes et GAC et ce, sans parler des diètes qui mettent en loi ce qu'on doit manger ou non, et comment le faire) plutôt que d'écouter nos signaux internes parfaitements capable de nous renseigner sur quoi et quelle quantité manger si on les écoute.
Sans s'écouter, il est facile d'être en restriction cognitive telle que décrite dans les travaux d'Herman et Polivy.
Le guide alimentaire canadien, comme tous les guides, veut bien faire. Il est plus simple de dire quoi manger que d'enseigner à écouter ses sensations corporelles, et pourtant tristement moins profitable. Ces guides encouragent à manger ce qu'il faut plutôt qu'a se centrer sur la faim, ses besoins et sa satiété. L'alimentation humaine n'est pas qu'une affaire de nutriments, tout comme la santé. L'aspect psychologique et culturelle de l'alimentation doit aussi être prise en compte.
De toute suis loin d'être certaine que les portions préconisées par le GAC soit optimales à tous les niveaux. Même les diètes amaigrissantes "équilibrées" entraînent des carences et de la restriction cognitives et ont fait la preuve de leur efficacité statistiquement insignifiante à long terme.
La nutrition s'intéresse aux nutriments, soit. Elle est toutefois insuffisante à elle seule pour dire à l'humain comment manger puisque des mécanismes psychologique complexe dont on a peu tenu compte jusqu'ici. La nutrition devrait s'ouvrir davantage aux autres disciplines comme la psychologie, et donc à la réalité des gens. Ne parler que de nutriments et d'effets sur le corps, c'est entrer dans cette obsession du corps et renier le reste. Et pourtant, le reste est notre lien au corps et à une gestion saine de l'alimentation.
Je ne parle pas ici d'ignorer la nutrition et de se nourrir exclusivement de dessert et de mcdo. Je dis seulement que lorsqu'on arrive à faire abstraction de tout ces commandements alimentaires, on finit par ressentir l'envie de nutriments, on veut des légumes, des grains entiers, ce que notre corps nous demande tout en laissant place aux douceurs. Combler les besoins de son corps est un plaisir. En y allant dans cet ordre, on dresse un panorama mental très peu propice aux désordres alimentaires et encourageant la vie et l'être.
La nutrition, qu'elle le veuille ou non, est mise comme référence et se propose en solution pour cette "pandémie d'obésité" sur laquelle on justifie l'air ambiant de paranoïa du gras actuel. Elle a donc la responsabilité de dénoncer ce qui ne fonctionne pas et d'intégrer d'autres disciplines à une problématique complexe et pleine de subtilités. C'est du moins mon point de vue, et je crois que ça commence à se faire.
Tant qu'à moi, je crois que meilleur guide alimentaire, c'est votre cerveau qui sait grâce à ses hormones et ses récepteurs si vous avez faim ou pas, de quoi vous avez besoin et dans quelle quantité. Je sais que ces signaux sont plus discrets puisqu'on les a tellement ignorés, mais ils sont là, a coté de vos désirs, de vos préférences, de ce que vous êtes, et aussi importants.
Il n'y a pas de poids à partir duquel il soit justifié d'être obsédé pas son alimentation. Au contraire, si vous vous êtes rendu là, c'est qu'il y avait probablement un déséquilibre entre votre apport énergétique et vos besoins personnels. Il faut réapprendre, ou apprendre, à s'écouter. Ce n'est pas en écoutant un guide que vous apprendrez à le faire sans tomber dans des comportements qui frisent le trouble alimentaire.
(Et un guide qui vous dit de manger deux produits laitiers, pas 1, pas 3, mais 2, recommandation qui va surement changer dans 10 ans, et 2 portions de viande, ce n'est pas un guide mais de la dictature mais ça c'est une autre histoire)
Sur ce, je quitte sans relecture, mon cours m'attends...
Bonne journée!
xx
- 73 % des Québécoises veulent perdre du poids.
- 50 % des femmes ayant un poids santé veulent perdre du poids.
- 62 % des Québécoises ressentent une pression sociale pour être minces ou perdre du poids; parallèlement, 40 % des femmes québécoises se sentent bombardées d’informations paraissant contradictoires entourant l’alimentation et les saines habitudes de vie, ce qui entraîne beaucoup de confusion.
- L’estime de soi a été citée par 83 % des femmes comme principale motivation pour perdre du poids, tandis que l’amélioration de la santé a été citée par 65% des répondantes.
- Plus d’une Québécoise sur cinq (21 %) disent que la gestion de leur poids domine leur vie.
(Le sondage en ligne a été mené en décembre 2007 auprès d’un échantillon de près de 3 000 femmes réparties dans toutes les régions du Canada par les producteurs laitiers du canada et Ipsos Reid en colaboration avec le Groupe d’action sur le poids EquiLibre)
2 commentaires:
Il y a des années que les différentes versions du GAC régimentent les courants en matière de conseils nutritionnels "équilibrés" et que le guide est présenté comme un point de repère capital lorsqu'il s'agit d'expliquer aux gens comment manger "santé". Et avec peu de résultats.
Le GAC est devenu, pour une personne prisonnière de la "mentalité diète", l'équivalent d'une autre diète. Certaines personnes le suivent avec obsession... et donc ne cessent pas d'avoir des obsessions.
Comme tu le soulignes si bien, notre cerveau est le meilleur guide. Il est juste compliqué, après des années de conditionnement à la "mentalité diète", de réapprendre à l'écouter, mais ça se fait.
Suzie.
Bien dit!!!
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