mercredi 24 octobre 2007

Les aventures de bébé

Je viens de passer 20 minutes en métro en me mordre les lèvres de honte.

Je fais du bénévolat avec les jeunes mères. J'ai toujours eu un don avec les enfants. On m'a prise pour m'occupper des bébés d'un an et demi et moins mais jusqu'ici, je n'avais gardé que des 2-3 ans, avec qui je n'ai jamais aucun problème. Ces petits finissent par me connaitre et par dire à leur parents de s'en aller lorsque j'arrive. J'ai une imagination d'enfant de 2 ans et demi au fond de la tête. Je suis une star du babysitting depuis longtemps, une vrai pro, un phénomène.

Mais voilà que le nouvel endroit ou "je bénévole" ne sais rien de tout ça. Premier bénévolat officiel chez eux ce soir:

4h30: J'arrive à l'heure et me présente. Déjà, j'ai l'air un peu plus idiote que d'habitude puisque l'anglais n'est pas la langue ou je suis le plus efficace lorsque légèrement stressée. Je n'ai jamais vraiment gardé d'enfant de cet age qui ne me connaisse pas déjà. Mais bon, ça ira.

4h35: Tout le monde semble perdu et on me fait attendre dans une petite salle. Je me sens absolument de trop. Une maman finit par venir et me tendre le petit E., en me mentionnant qu'il pourrait pleurer un peu puisqu'il n'a pas l'habitude. Il est adorable, minuscule, il doit avoir moins d'un an, peut-être 7 mois selon mes approximations expertes. Je lui tends les bras et il me fait presque un sourrire. J'ai un don avec les petits... Ça ira.

4h36: Je prends mon air le plus assuré, rassure la maman dans un anglais approximatif que tout ira bien et me dirige d'un pas assuré vers le placard en pensant que c'est la salle de gardiennage. Pour avoir l'air intelligente, c'est gagné.

4h36: Bébé E. réalise qu'il s'est fait duper et que je ne suis pas sa maman. Il sanglotte. Normal. Je suis une pro de la psychologie bébéienne. A cet age, bébé n'a pas la permanence de l'objet et ne supporte pas d'être séparé de son objet d'amour. Il se calmera. Je le berce, lui montre des jolis anneaux de couleur, lui parle doucement.

4h38: Il hurle.

4h39: Il ne se tanne pas. J'ai presque peur qu'il manque d'air.

4h40 et les suivantes: Je danse, chante, fait parler un cochon, un chien, une tasse, fait des prout sur le bedon, tapotte le dos et fait tout ce que je sais faire pour changer les idées de bébé E. qui semble bien décidé à utiliser toute sa capacité pulmonaire pour protester contre ma présence étrangère. Pire encore, mes essais s'accompagnent souvent d'un redoublement de cris. Me faire oublier ne fonctionne pas davantage. Bébé E. n'a pas la permanence de l'objet mais comprends très bien même sans être face à mon visage que je ne suis pas maman.
Je perds le fil du temps pendant qu'une autre jeune maman, son chum à casquette et à bas califourchon et leurs bébé tout sourrire me regardent comme si j'étais la pire espèce de gardienne sur terre. Bébé E. continue à pleurer, hurler, à hoqueter dans les meilleures minutes avant de me regarder d'un air horrifié et à se remettre à hurler illico. On est bien loin des petits pleurs de tristesse. Comme je les empêche d'écouter leurs vidéoclip avec cette colère faite chair, la maman du bébé sourrire monte dire à la mère de la machine à décibel que son rejeton n'est pas heureux, alors qu'il commençait justement à se calmer à la vue d'un centre d'intéret vrombissant: la sécheuse. Elle me fait donc le message que la maman veut son enfant.
Je remonte donc avec bébé avec un sentiment d'échec notoire, complètement épuisée. Je me sens complètement inutile alors je propose mes services à la cuisine, qui n'a pas besoin de moi. Je propose donc de partir. Je devais initialement rester 2 heures. J'aurai résisté 40 minutes. Je suis partie en oubliant de signer le registre. C'est à peine si je ne me suis pas enfuie, prenant conscience dans le métro du ridicule de ma réaction.

La reine du babysitting s'est fait abattre par une petite chose adorable au caractère bien affermi, par excès de confiance. Là, j'ai presque honte de devoir reparler un jour à la sévère directrice de l'organisme. J'espère presque qu'elle ne m'appellera plus jamais. Je ne me souviens pas d'avoir aussi monumentalement manqué quelque chose depuis longtemps. Et pourtant, j'aurais du prévoir que ça pourrait arriver.

Je retourne demain, humble et terrorisée, passer la journée à la garderie des bébés dont les mamans sont à l'école anglophone.

Priez pour moi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon ben oui, ça peut arriver, il a été plus malin que toi :)
Dis donc, t'es une grande star, y a un lien direct sur le blog de marie-claude lortie vers le tien!!!

Vertige a dit…

J'ai dormi comme un bébé après ça!

Hé oui, je suis tout comme une vedette internationale, plus connue que Céline Dion. (Ok, peut-être juste un peu moins mais cette référence m'a fait super plaisir!)

Bonne journée!