mardi 18 septembre 2007

Divorce

J'ai pris l'habitude de venir me délester ici de ce qui m'habite. Ça fait tellement du bien.

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un homme dont c'est l'anniversaire demain.

Il y a quelques années, j'étais une jeune fille bien perdue. Je reprenais mon souffle après être partie de chez moi au grand bonheur de mes parents, j'étais au cégep sans trop savoir ce que j'y faisais, je cherchais un sens à ma vie qui m'apparaissait vraiment trop pleine de possibilités alors que je pouvais enfin m'approcher de la fenêtre de mon avenir et y voir une multitudes de chemins.

A ce moment là, je jouais dans un petit groupe de musique chrétienne. Qui pourrait croire que j'ai déjà été une fervente croyante? Mais déjà à 16 ans, j'avais trop de questions pour être tolérée dans cette église autoritaire et dogmatique. Quoi qu'il en soit, j'étais la pour la musique et pour le beau Jonathan.

Il y avait un autre gars, notre batteur, un gars tellement gentil avec un coeur gros comme ça, mais j'étais trop occuppée à fixer Jonathan pour le remarquer. Et il ne me remarquait pas non plus alors on était quitte. On était de bon amis, on jouait ensemble, on faisait des activités en groupe, je l'avais même forcé à accompagner une amie à mon bal de finnissant puisque j'y allais avec Jonathan.

Le soir de mon anniversaire, j'étais seule. Il m'a invité au ciné parce que c'était un gars gentil. On a beaucoup parlé, on a rit et je me suis dit que ce gars était vraiment un bon ami.

Puis, il y a eu l'anniversaire d'une amie. Je n'étais pas en forme. J'ai tellement bu que j'ai eu le seul black out de ma vie. Quand j'ai repris mes esprits, je lui racontais à quel point la vie était belle et injuste, je lui parlais de mon père et lui, il me raccompagnait gentiment chez moi.

Il s'est mis à m'inviter de plus en plus souvent, trouvant tous les prétextes.

Peu après, il m'invitait aux pommes en groupe, et tous nos amis s'étaient mystérieusement désistés. Je me souviens du soleil et de la légèreté de l'air ce jour là. On est allé cueillir des pommes puis marcher dans les feuilles d'automne. Il m'a pris la main pour m'aider à monter sur un rocher puis j'ai décidé de ne plus la lâcher. Ce jour là, on s'est embrassé sur le bord d'un lac. C'était ma première fois. J'avais eu des tas de petits amoureux avant mais je savais bien détourner la tête au bon moment.

Il a été le premier dans tout. Il m'adorais et me traitais comme une princesse. Et un jour, il m'a demandé de l'épouser et j'ai dis oui parce que c'était beau et parce que c'était fou. Je me suis mariée à 18 ans avec la bénédiction de mes grand-parents, qui l'adoraient.

La vie a continué et moi, j'étouffais. Je suis partie tout l'été suivant notre mariage travailler en colonie de vacances. J'avais besoin d'air. Je ne me sentais pas mériter tant d'égard et de douceur. Mes vieux démons revenait me hanter. C'est aussi à ce moment que j'ai eu le diagnostique de ma tumeur au cerveau que je ne savais pas bénigne a cette époque. Je me sentais devenir folle, incapable de vivre, perdue.

Je suis revenue et je me suis mise à tripper sur un ténébreux collègue. J'en ai parlé à mon chum. On se disait tout. Il me répondit que j'avais peut-être besoin de vivre d'autres expériences. Sa réponse m'a boulversé. Puis tellement vite, je me suis fait croire que j'étais vraiment amoureuse de l'autre. Tout s'est bousculé. Un soir il est parti pour la semaine réfléchir chez ses parents puisque je pensais à le laisser. Mais finalement, il revenait le lendemain matin pour me trouver avec l'autre chez nous. Le collègue m'avait appelé et m'avais trouvé en larmes; il en avait donc profité pour venir me consoler et après une nuit de pleurs, je me retrouvais dans ses bras et... Je ne me pardonnerai jamais ça.

Mon chum est parti en me souhaitant d'être heureuse mais il me rappelait souvent. Il m'aimait encore très fort. J'ai poussé l'odieux jusqu'a lui parler de ce connard de collègue qui ne me rappelait pas et dont je me croyais amoureuse et malgré sa peine, il m'a consolé. Je crois que j'avais besoin de mettre une coupure entre lui et moi et c'est son départ qui me chamboulait à ce point. J'ai tout sublimé ça en m'embarquant dans une histoire d'amour impossible avec le roi des salaud.

Je m'en suis partiellement remise mais j'étais au summum de ma crise existentielle. Ma famille toute entière ne me parlait plus depuis ma séparation alors que j'aurais tellement voulu être avec eux comme avant, mes grands-parents ayant toujours été ma bouée à une vie familiale normale.

J'ai connu des tonnes de gars. Pendant ce temps, mon ex mari était toujours dans le décor et savait tout. Quand ça n'allait pas, c'est lui que j'appelais et qui me ramassait à la petite cuillère. Ça a été 2 années troublées. C'est lui qui m'a accompagné dans les moments les plus durs de ma vie. Le soir ou je me suis fait agresser chez moi par un inconnu qui a forcé la porte, c'est lui que j'ai appelé avant d'appeler la police.

Ce soir là, je suis devenue sage. Peu apres, je me suis fait un chum bien et j'ai entrepris de faire taire tout ce qui hurlait en moi. Ça faisait déjà des années que je ne pleurais plus de toute façon. J'ai fini mon DEC, j'ai travaillé, je me suis entrainée comme une dingue, j'ai maigris, j'ai fais les choses comme les gens normaux les font. Puis au final, je suis allée voir un psychologue payé par l'IVAC pour lui dire que de toute façon, il ne pouvait rien pour moi, que je n'aimais pas, que je ne vivais pas, que je ne souffrais pas, que je ne ressentais rien.

Et souvent encore, j'allais voir mon ex mari parce que c'était le seul avec qui j'arrivais à être moi même et qui m'acceptais inconditionellement.

Mon psy, ça a été une tempête. 52 séances ou je me demandais à chaque fois si j'y retournerais la semaine suivante. On a jamais parlé de mon agression. On a parlé de mon enfance. Et quand je me suis mis à ressentir, ça a été épouvantable.

J'ai fini par foutre le bordel dans mon couple. Je ne sais pas laisser les hommes alors je les force à le faire. Mais je ne voulais pas vraiment qu'il me laisse, surtout pas pour une petite blonde adorable et sans cervelle. Là, j'étais toute seule avec tout mon gachis dans les mains.

Je suis partie dans ma famille (expérience difficile mais necessaire) et pour une fois, je me suis laissé être faible et me noyer dans mon propre chagrin.

Au même moment, François à rencontré quelqun et sa copine me détestait (je la comprends). On ne s'est plus vu.

Puis, un mois plus tard, je suis revenue à Montréal. Peu après, je suis déménagée puis je me suis mise à réapprendre à vivre en sentant les choses. Mon psy m'a dit qu'il ne voyait plus l'utilité de nos rencontre et j'étais d'accord.

Un an plus tard, lorsque mon amoureux est arrivé dans le portrait, j'avais enfin une place pour moi dans ma vie alors je pouvais y accueillir quelqun. J'ai eu la chance de rencontrer quelqun d'aussi extraordinaire que Francois et qui me correspond et me complète parfaitement, mais plus encore, cette fois je sais ce que c'est d'aimer et d'être libre.

Alors que je termine mes papiers officiels de divorce, j'ai une pensée pour François qui vient de s'exiler à l'étranger pour se remettre un peu de sa peine face à sa dernière copine qui l'a aussi laissée. Je lui doit tellement de m'avoir aimée alors que j'étais trop troublée pour lui redonner cet amour. Cette façon inconditionelle qu'il a d'aimer lui laissera des traces. Ce n'est pas sain pour lui mais ça a été le début de mon estime personelle. Je suis tellement désolée. Il a vieilli et muri lui aussi maintenant, et il mérite de rencontrer quelqun d'extraordinaire.

Chaque fois que j'essais de remplir ces papiers de divorce (on a jamais officialisé), je ne peux m'empêcher de pleurer mais ce ne sont pas que des larmes de tristesse. Ce sont aussi des larmes de grattitude envers la vie. J'ai eu la chance de pouvoir grandir, chance que tout le monde devrait pouvoir avoir. Maintenant, je comprends mieux le large spectre du monde et la fragilité du bonheur.

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