lundi 20 août 2007

Les fluctuations balanciennes

J'ai décidé que pour moi la pesée, ça ne serait qu'aux 2 semaines. En faisant ce que j'ai à faire, rien ne sert de me stresser plus souvent. Moins souvent serait surement encore mieux mais je ne peux pas gérer encore le stress de ne pas savoir ou je m'en vais. Ça viendra.

Quand je travaillais avec des toxicomanes avancés, nous utilisions comme approche la réduction des méfaits. Moi je suis une balancomane finie. Me priver de ma petite lecture quotidienne, c'est me couper ma boufée d'air du matin, mais je suis consciente du tords que ça me fait. Je suis contre toute coupure drastique alors je me désensibilise tranquillement.Le premier pas, c'est d'admettre sa dépendance: oh balance, je t'aime et la vie sans toi m'insécurise. Je peux vivre sans toi (oui, je peux!) et tu verra, je le ferai.

Hier soir, je suis montée machinalement sur cette petite machine hypocrite à l'air si inoffensif pour l'entendre me crier au visage de sa voix moqueuse que j'avais pris 3 livres. J'en ai presque arrêté de respirer. Déjà, le drame et les pires scénarios se sont profilés dans ma tête. J'étais finie et ma vie aussi, évidemment. J'ai eu une pensée pour un régime de soupe aux choux, pour aller prier à la sainte secte minçavi ou pour une diète aux protéines en poudres qui goutent la cendre. Une toute petite pensée affaiblie par le passage furtif dans mon esprit d'un gâteau au fromage. Mon problème, c'est que je suis faible et que j'aime la vie.

J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai sorti ce corps que je trouvais soudainement encore plus énorme à transporter pour demander à mon copain, les yeux pleins de dépit (et pleins d'allergies, mauzus d'herbe à poux!):

-Chéri, tu trouve que j'ai grossis?

Cette question à laquelle il ne peut jamais répondre la bonne réponse, et il le sait, ce qui habituellement lui peint dans la figure une soudaine envie de fuir vivre sur jupiter. S'il me dit que non, il ment et trahis la confiance que je lui porte. S'il me dit que oui, alors là, c'est le drame. Les hommes sont bien dépourvus face à la balance. Ils devraient former une association pour s'entraider.

Mais là mon chéri me réponds tel un spécialiste de la chose et avec la sincérité du mâle qui ne cherche pas la bonne réponse toute faite: chatoune, tu as affamé ton corps mercredi alors là, il cherche peut-être à faire des réserves. Si tu continue à manger à ta faim, ça devrait se rétablir tout seul. Il n'y a rien qui presse, tu es la plus belle.

(!!!)

Ça m'a fermé la trappe, de surprise surtout, et que de reconnaissance pour un discours si sage sortant de la bouche d'un gars constitué pour ne pas pouvoir imaginer l'idée d'un régime.

Il faut relativiser les choses. J'ai eu une relation émotionnelle et charnelle suivie avec ma toilette mercredi, chose que je me recommencerai plus, et puis j'ai mangé la bouffe délicieuse de ma grand mère sans écouter mes sensations (à part celle qui dit, oh, miam, délicieux, mange encore, y'en aura plus demain, c'est pour faire plaisir à grand maman...) mais je suis en train d'apprendre à m'écouter dans toutes les situations.

Et c'est ça l'important, l'apprentissage et l'avancement, pas les mini fluctuations de la machine à chiffre qui ne veulent rien dire. (tu vois comme je te méprise, balance?) On se contentera de la tendance générale sans chercher à savoir le poids de l'éternuement d'herbe à poux toujours pris dans mon corps et qui ne tardera pas à sortir.

Je vaincrai ma dépendance et j'irai parler de mon combat dans les écoles pour empêcher les enfants de se laisser avoir par cette saloperie. J'entendrai les professeurs renifler dans le noir, certains admettrons leur problème, tous pleureront de compassion. On me réclamera à la tête du pays. Je dirigerai la révolution! Tout le monde vivra heureux dans le meilleur des mondes et il n'y aura plus d'injustices ni de catastrophes naturelles.

Donc il n'y a pas de drame. Ma vie n'est pas finie (à moins que je retourne au régime: dépression assurée!)

Je n'ai pas maigris, j'ai repris du poids et je m'assume. Et on continue.

2 commentaires:

La Souimi a dit…

Ça fait 6 mois que j'ai sorti la balance de ma vie. Je n'ai plus ce repère. Je ne crois plus au fait de m'évaluer à partir d'un chiffre. C'est minable, s'évaluer à partir d'un chiffre. C'est niaiseux. On vaut bien plus qu'un chiffre.

Être faible, c'est embarquer sur cet objet stupide 3 fois par jour et crever de faim, manger du foin pour correspondre à un chiffre. Beaucoup de minces sont faibles comme beaucoup d'obèses le sont. Être faible, ce n'est pas avoir engraissé de 2 ou 5 livres. C'est être obsédé par un chiffre et par le regard de l'autre. C'est ne pas se faire confiance. Et on commence à se faire confiance lorsqu'on se fie à soi et non pas à de la quincaillerie ou à des yeux de condamnation de gens mal dans leur peau qui nous scrutent de la tête aux pieds dans le but de voir si nous sommes mieux ou pire qu'eux.
Il faut que tu sortes de ce terrain connu. Il faut que tu affrontes l'inconnu. Cet inconnu qui appartient aux gens qui ont toujours profité de la vie, de la bouffe sans engraisser.
Je "freakais" comme une malade les premières semaines. J'arrivais en thérapie et je disais à quel point j'étais terrorisée. Tranquillement, j'ai appris. Mon chum a caché ma balance, je n'en ai plus. Au gym, je la regarde et je considère aussi insignifiant de vouloir embarquer sur ce tas de tôle que de fumer une cigarette.
Garoche cet instrument au bout de tes bras, fais un cérémonial pour la brûler dans un feu de camp, lance le monstre dans un container, demande à des employés de la voirie de passer le rouleau compresseur dessus, n'importe quoi mais SORS ÇA DE TA VIE! Puis, commence à rire de la névrose que le métal a créé dans ta tête. Parce que quand on y pense, c'est presque le comble de l'absurdité.

Courage! Let's go! Vis! Mange!
Et passe une excellente journée.

;-)

Vertige a dit…

Je sais, je sais... Mais j'en suis incapable. Je me sens déjà dans l'inconnu jusqu'au cou. Sans balance, je m'imagine tellement stressée que je ne pourrai plus manger correctement. C'est trop pour la petite nature que je suis. J'ai besoin de savoir une fois de temps en temps ou j'en suis.

J'essaie plutot de diminuer la fréquence pour l'oublier tranquillement et surtout, de relativiser les chiffres que j'y lit. Ce ne sont que des chiffres apres tout, pas un verdict de ce que je suis.

J'ai déjà jetté mon ex balance. Quelques jours plus tard, avec le sentiment d'être totalement ridiculement accro mais en acceptant d'agir, je suis allée en acheter une toute neuve, et une qui pèse au dixième de livre...

Je suis en sevrage graduel. Je suis passée de me peser chaque fois que j'allais pour une raison ou une autre à la salle de bain à être capable de passer plusieurs jours sans y monter. Ça tiens du miracle.

Bientôt, je pourrai aller la porter à la St-Vincent-de-Paul mais ici là maintenant, je ne suis pas prête.